Euro 2024 : entre la France et la Belgique, une nouvelle rivalité ou simples railleries entre voisins ?
Euro 2024 : entre la France et la Belgique, une nouvelle rivalité ou simples railleries entre voisins ?

Euro 2024 : entre la France et la Belgique, une nouvelle rivalité ou simples railleries entre voisins ?

01.07.2024
3 min de lecture

Les Bleus jouent leur qualification pour les quarts de finale, lundi, contre un adversaire revanchard, n’ayant pas digéré la défaite en demi-finales du Mondial 2018.

Il ne s’agit pas que du choc des huitièmes de finale de l’Euro, ni d’une affiche entre deux sélections critiquées pour leurs prestations sur le terrain. France-Belgique est aussi un match animé par une rivalité récente entre supporters depuis la demi-finale de la Coupe du monde 2018, conclue sur une victoire étriquée des Bleus (1-0) et le « seum » de Thibaut Courtois.

« Je ne dirais pas que l’équipe en face était meilleure que nous. (…) Notre force, c’est le foot, leur force, c’est défendre », avait réagi le gardien des Diables rouges au micro de beIN Sports, déclenchant une vague de moqueries sur les réseaux sociaux côté tricolore.

Un « seum » toujours palpable

Trois ans plus tard, un concert de klaxons à Bruxelles a célébré l’élimination de la France dès les huitièmes de finale de l’Euro 2021. Éliminés au tour suivant du même tournoi, les Belges ont eu l’occasion de prendre leur revanche à l’automne, en demi-finales de Ligue des nations. Mais après avoir été menés 2-0, Karim Benzema, Kylian Mbappé et Theo Hernandez ont fait basculer la rencontre de l’autre côté (3-2), ravivant la rancœur de Belges dont la génération dorée n’aura jamais été capable de décrocher le titre tant attendu.

Évidemment interrogés sur ce que représente l’équipe de France pour eux, les joueurs de la sélection belge n’ont pas caché leur difficulté à digérer ne serait-ce que l’épisode de 2018. « Je m’en souviens très bien. J’avais ressenti beaucoup de douleur comme tous les Belges. La Belgique aurait pu et aurait dû gagner », a lancé Johan Bakayoko, 21 ans et trop jeune pour être du voyage en Russie à l’époque, mais prêt à remettre une pièce dans la machine. Au départ du Tour de France, où de nombreux Belges et Français cohabitent dans le peloton, Remco Evenepoel a pronostiqué une victoire 4-0 des Diables rouges.

Du côté des joueurs français, personne n’a voulu entrer dans ce jeu. « On ne va pas les prendre de haut », a insisté William Saliba, coéquipier de Leandro Trossard à Arsenal. Si les acteurs n’ont pas trop soufflé sur les braises, des maires et bourgmestres des communes frontalières ont annoncé la fermeture de routes reliant la France et la Belgique lundi soir afin de « prévenir les débordements éventuels ». Au point de contredire l’international belge Thomas Meunier, pour qui cette rivalité « reste toujours bon enfant » ?

L’adversaire « préféré » des Bleus

« L’adversité vient plutôt des Belges, explique François Da Rocha Carneiro, historien spécialiste de l’histoire de l’équipe de France, rappelant que les Bleus affichent 100% de victoires en tournoi face à cet adversaire (5/5). Que ce soit en Coupe du monde, à l’Euro ou en Ligue des nations, la France les a toujours battus, parfois même en les humiliant, comme à l’Euro 1984 (5-0) avec le triplé de Michel Platini ». Pour parler d’une grande rivalité, il faut en un sens être des « meilleurs ennemis ». « La Belgique, c’est plutôt l’adversaire préféré des Bleus, celui qu’ils rencontrent le plus souvent », analyse l’auteur de « Une histoire de France en crampons » (éditions du Détour, 2022).

Lundi, le huitième de finale sera la 76e confrontation entre les deux sélections. Pour l’équipe de France, ce total représente presque deux fois plus de matchs officiels que face à tout autre adversaire (39 contre l’Italie et la Suisse, deuxièmes ex aequo). 86% de ces rencontres ont été jouées avant la fin des années 1980. « C’est le premier adversaire que les Bleus retrouvent après la Première guerre mondiale, en 1919, alors que les joueurs n’étaient pas encore démobilisés. C’est la seule équipe civile rencontrée en 1919. Il y a aussi eu des matchs dans l’entre-deux-guerres et plusieurs disputés le 11 novembre dans les années 1950-1960 (1954, 1956, 1966) », retrace l’historien.

Dans le fond, d’après François Da Rocha Carneiro, la Belgique est un peu ce partenaire de jeu qu’on appelle quand on a besoin de taper dans le ballon : « C’est une rivalité qui nous amuse avec les blagues belges, surtout parce qu’il y a une très grande proximité, quasiment une fraternité entre la France et la Belgique, qui remonte aux guerres, aux souffrances communes (…). C’est le repas de famille, on va s’engueuler un petit peu, mais on se retrouve la semaine suivante ».

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