Les droits de douane sur les expéditions de faible valeur aux États-Unis entrent officiellement en vigueur aujourd’hui, vendredi 30 août 2025. Précédemment, les envois inférieurs à 800 dollars américains (environ 740 euros) bénéficiaient d’une exonération de toute taxe d’importation. Cette politique, connue sous le nom de de minimis, a été abrogée. La situation actuelle découle d’une tension économique entre Washington et Pékin, illustrée par une guerre commerciale persistante, rapporte TopTribune.
Fin de l’exemption : un tournant dans la politique douanière américaine
Désormais, les droits de douane seront appliqués sans exception à tous les colis entrants, indépendamment de leur valeur. Cette mesure met un terme à une réglementation en vigueur depuis plusieurs décennies, qui a été fréquemment exploitée par des géants du e-commerce chinois tels que Shein, Temu, et AliExpress.
Auparavant, les marchandises importées aux États-Unis d’une valeur inférieure à 800 dollars américains échappaient à toute taxation grâce à une franchise douanière mise en place pour faciliter les échanges de faible volume. Cependant, le Département du Commerce américain a pointé du doigt cette tolérance comme étant à l’origine d’une concurrence considérée comme déloyale, nuisant ainsi aux détaillants locaux.
Une réforme ciblée contre les exportations à bas coût
Les autorités américaines affirment que des plateformes de vente en ligne telles que Shein ou Temu ont profité de l’exemption douanière en expédiant des marchandises en petites quantités, les envoyant séparément pour contourner les droits de douane. Selon RFI, plus de deux tiers des colis entrant sur le territoire américain, en vertu de l’exemption de minimis, proviennent de sites chinois. Le gouvernement fédéral accuse ces plateformes de tirer parti d’une faille réglementaire au détriment des entreprises locales. Le mois dernier, l’administration Trump avait déjà abrogé l’exception pour les produits en provenance de Chine, mais cette nouvelle réglementation s’applique désormais à tous.
Une réponse à l’explosion des colis et aux trafics illicites
Cette réforme vise également à répondre à des préoccupations de sécurité sanitaire et de lutte contre la criminalité transfrontalière. Les données de l’Agence américaine de protection des frontières (CBP) révèlent que les petits colis représentent 98 % des saisies de narcotiques, 97 % des contrefaçons, et 70 % des produits dangereux interceptés en 2024. Un responsable fédéral a déclaré lors d’une conférence de presse que « mettre fin à cette lacune permettra de sauver des milliers de vies en réduisant le flux de narcotiques et de produits dangereux ».
Avec l’augmentation fulgurante du trafic postal, qui est passé de 134 millions d’unités en 2015 à plus de 1,36 milliard en 2024, le durcissement des mesures s’avère justifié. Désormais, à l’exception des envois qualifiés de « cadeaux » d’une valeur inférieure à 100 dollars, tous les colis seront soumis à un régime douanier traditionnel, incluant des droits de douane d’au moins 10%, pouvant atteindre 15% pour les envois en provenance de l’Union européenne, et jusqu’à 50% pour certains pays comme l’Inde ou le Brésil.
Réactions économiques et conséquences pour les consommateurs
Les premiers effets de cette réforme se font déjà ressentir. Comme l’indique CNN, des opérateurs logistiques comme DHL ont temporairement suspendu certains envois vers les États-Unis. L’incertitude réglementaire, associée à une augmentation des contrôles, ralentit le traitement des commandes.
Les consommateurs américains devraient également s’attendre à une hausse immédiate des prix sur certains produits importés. Les plateformes concernées seront obligées de répercuter les coûts supplémentaires associés aux droits de douane sur leurs prix de vente ou de réduire leurs marges.
Droits de douane : la fin d’une ère pour les petits colis aux États-Unis
Cette réforme douanière représente un tournant important dans la stratégie commerciale et sécuritaire des États-Unis. En s’attaquant à une faille exploité par certaines plateformes étrangères, Washington vise à protéger non seulement ses consommateurs, mais aussi ses industries locales et ses frontières. Bien que l’impact exact sur le volume des échanges reste à évaluer, il est indéniable que l’ère des petits colis exemptés de droits de douane est désormais révolue.
