États-Unis : la pollution industrielle responsable d'une augmentation des meurtres en série dans les années 1970.

États-Unis : la pollution industrielle responsable d’une augmentation des meurtres en série dans les années 1970.

20.06.2025 08:15
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Dans les décennies 1970 et 1980, le nord-ouest des États-Unis a été secoué par une montée alarmante des meurtres en série. Dans son ouvrage Murderland, la journaliste Caroline Fraser, lauréate du prix Pulitzer, s’interroge sur les raisons de ce phénomène. Qu’est-ce qui a poussé tant d’hommes, nés souvent durant ou juste après la Seconde Guerre mondiale, à cibler des femmes, généralement des inconnues?, rapporte TopTribune.

Son enquête, relayée par le magazine américain The Atlantic, se concentre sur des figures notoires telles que Ted Bundy, Gary Ridgway, le tueur de la Green River, et Randall Woodfield, le tueur de l’I-5. Au cœur du livre, une hypothèse provocatrice émerge : l’exposition au plomb et à l’arsenic issus de l’industrie pourrait avoir accentué des comportements violents chez ces individus.

Fraser s’appuie sur une méta-analyse réalisée en 2022 établissant un lien entre la présence de plomb et l’augmentation de la criminalité. Elle rappelle que le plomb, reconnu pour ses effets neurotoxiques, a été progressivement éliminé des carburants et peintures entre 1973 et 1996.

Un lien frappant est fait entre la réduction des niveaux de plomb dans l’environnement et la chute dramatique de la criminalité à New York. La ville, qui avait atteint un pic de 2 245 homicides en 1990, n’en dénombre actuellement que 112 en 2025, atteignant un niveau historiquement bas.

L’hypothèse toxique

Pour la journaliste, il ne s’agit pas simplement d’une coïncidence. Elle met en lumière une corrélation régionale avec des sites industriels tels qu’ASARCO, à Tacoma, Washington, qui ont largement contribué à la pollution par des métaux lourds. Elle cite les mises en garde du chimiste Frederick Gardner Cottrell, qui, dès 1913, prévenait que les fumées des fonderies posaient un problème distinct de celui de la pollution urbaine classique. Ces particules toxiques, absorbées et transmises aux fœtus par les mères, auraient causé des ravages sanitaires.

L’ouvrage de Fraser adopte une approche multidimensionnelle qui associe l’histoire industrielle, les meurtres en série et les souvenirs personnels. Elle s’intéresse à la façon dont des tueurs en série, comme Ted Bundy et Gary Ridgway, ont grandi dans des environnements pollués, tissant un récit qui croise épidémiologie et autobiographie.

Il reste toutefois difficile de croire que la pollution est le seul facteur expliquant la concentration de tueurs en série dans le nord-ouest des États-Unis à cette époque. Plusieurs éléments doivent entrer en ligne de compte, et les thèses de Caroline Fraser soulèvent des questions : Si l’exposition au plomb a engendré des comportements violents, pourquoi ces tueurs étaient-ils majoritairement masculins ? D’autres territoires du pays n’étaient-ils pas aussi touchés par la pollution ?

Fraser ne prétend pas détenir une vérité absolue. Alors que la concentration de meurtres en série peut être attribuée à divers facteurs, la baisse de la violence dans ces zones peut également résulter de nombreuses raisons, telles que l’avènement de l’ADN, la vidéosurveillance et la légalisation de l’avortement, chacune méritant d’être explorée pour comprendre la réduction de la criminalité. Une chose est sûre : l’ère des tueurs en série, où plus de 100 criminels ont opéré simultanément en une seule année, semble désormais appartenir au passé.

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