Épidémie de mpox en Afrique : "C'est clair qu'on peut avoir une transmission internationale", prévient l'OMS
Épidémie de mpox en Afrique : "C'est clair qu'on peut avoir une transmission internationale", prévient l'OMS

Épidémie de mpox en Afrique : « C’est clair qu’on peut avoir une transmission internationale », prévient l’OMS

15.08.2024
4 min de lecture

L’Organisation mondiale de la Santé a déclenché mercredi son plus haut niveau d’alerte internationale après une multiplication de cas de cette maladie en Afrique, anciennement appelée variole du singe.

L’OMS tire la sonnette d’alarme à propos du mpox, cette maladie anciennement appelée variole du singe qui circule en Afrique. « C’est clair qu’on peut avoir une transmission internationale », prévient Sylvie Briand, directrice du département risque épidémique et pandémique à l’Organisation mondiale de la Santé, mercredi 14 août sur franceinfo. Quelques heures plus tôt, l’OMS a déclenché son plus haut niveau d’alerte internationale après une multiplication de cas de cette maladie en Afrique, anciennement appelée variole du singe.

franceinfo : Pour quelle raison la situation est-elle critique ?

Sylvie Briand : Tout d’abord parce qu’on a une nouvelle souche qui circule, la souche 1-B. Et deuxièmement, parce qu’on a aussi une augmentation importante du nombre de cas, avec justement de nouveaux groupes de populations touchés, dont les enfants et les femmes enceintes, qui malheureusement présentent aussi des signes beaucoup plus graves de la maladie. D’autre part, on a maintenant des cas de Mpox qui sont aussi détectés dans des pays qui auparavant n’en avaient jamais eu comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ou le Kenya.

Est-ce que l’on sait pourquoi ?

Les virus évoluent et plus ils se transmettent entre humains, plus ils ont des opportunités de changer. Donc ça crée de nouvelles souches qui ensuite, comme cette souche 1-B, sont plus transmissibles et aussi plus graves que la souche 2 qui circulait auparavant en Europe et dans les autres continents depuis 2022.

C’est pour l’instant cantonné à l’Afrique et à ces nouveaux pays que vous venez d’évoquer, ou le risque d’une pandémie mondiale existe de nouveau ?

Dans la mesure où on voit que cette souche est sortie de sa niche écologique qui était plutôt la République démocratique du Congo, c’est clair qu’on peut avoir une transmission internationale et c’est pour ça que l’OMS a déclaré cette situation d’urgence pour que tous les pays soient bien alertés. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que l’incubation de cette maladie est beaucoup plus longue, par exemple, que le Covid. Donc, on peut effectivement avoir une distribution internationale, mais ça va prendre plus de temps que ce qu’on a vu, par exemple pour des pathogènes à transmission respiratoire.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour endiguer cette épidémie ?

Le problème, c’est qu’elle survient dans des pays qui ont des systèmes de santé très faibles, très fragiles, donc c’est encore plus compliqué. Contrairement au Covid, on a quand même des vaccins, on a des antiviraux qui existent et donc on peut soigner les gens et prévenir la maladie. Mais ces ressources et ces outils sont en nombre limité. Donc il va falloir non seulement les mettre à disposition des pays africains infectés, mais aussi avoir de bonnes stratégies pour se focaliser sur les groupes les plus à risque et être sûr que le peu de moyens que nous avons va être le mieux utilisé possible.

Quels sont les groupes les plus à risque ?

Jusqu’à présent, on avait surtout vu que c’étaient des communautés homosexuelles, des travailleurs du sexe, et c’était une transmission essentiellement sexuelle. Maintenant, on voit que les autres modes de transmission de la Mpox sont à l’œuvre et donc c’est par contact, notamment quand les gens ont une éruption cutanée. Les vésicules qu’ils ont sur la peau sont contagieuses et donc il faut faire très attention à ce moment-là.

Et ça, c’est nouveau ? En raison de la mutation du virus ?

Il semblerait qu’effectivement cette souche donne plus d’éruptions cutanées puisque la souche 2 qui avait circulé précédemment donnait assez peu de ces vésicules. Il y avait donc moins d’opportunités pour une transmission par contact direct. Il semblerait que là ça donne plus d’éruptions. Et surtout, par exemple chez les enfants, ça peut être confondu avec d’autres maladies éruptives comme la varicelle. Donc c’est plus compliqué aussi de faire le diagnostic.

Est-ce qu’il faut lancer un appel à l’aide internationale, notamment pour financer les vaccins nécessaires pour venir à bout de cette épidémie ?

Tout à fait. Et c’est aussi une des raisons pour lesquelles l’OMS a lancé cette alerte, pour favoriser la collaboration internationale et que les pays qui ont des vaccins en stock puissent faire des donations plus rapidement. Il s’agit aussi de faire en sorte, puisque le virus traverse les frontières, que cette coordination entre pays permette de réduire la transmission internationale. L’OMS a fait une demande de 15 millions de dollars pour commencer à soutenir ces pays et leur donner des tests diagnostiques et pouvoir non seulement se procurer les vaccins, mais aussi les distribuer parce que la vaccination ne se fait pas gratuitement.

Quels sont les moyens de dépistage ? Quels sont les signes avant-coureurs de cette maladie ? Qu’est-ce qui doit alerter ?

On n’a pas encore des tests de diagnostic rapide, mais avec des tests de laboratoire, on peut effectivement faire le diagnostic. Le problème, c’est comme toutes les maladies virales, au début, on a des signes qui ne sont pas très spécifiques. C’est de la fièvre, de la fatigue, des douleurs musculaires. Et c’est seulement quand, évidemment, on a les éruptions cutanées qu’on peut être certain du diagnostic. D’ailleurs, en Afrique, beaucoup de diagnostics sont posés sur les symptômes cliniques puisque dans certaines communautés rurales très éloignées de laboratoire, c’est très difficile de faire un diagnostic pour tous les cas qui se présentent.

Est-ce qu’il y a des moyens de se protéger contre la Mpox ?

Oui, la plupart des gens qui sont nés avant que la variole soit éradiquée, c’est-à-dire avant 1978, avaient bénéficié d’un vaccin à l’époque. Et normalement, cette immunité est durable. Donc ces gens sont protégés. Ce sont les nouvelles générations qui n’ont pas été vaccinées qui sont donc plus à risque. Mais pour l’instant, le virus lié à la souche n°2, circule plutôt dans certaines communautés homosexuelles ou de travailleurs du sexe et n’est pas dans la population générale. Mais évidemment, avec cette nouvelle souche, la 1-B, il faut être encore plus prudent et encore plus vigilant dès qu’on voit un cas apparaître.

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