En Turquie, un juge ordonne l'incarcération du maire d'opposition d'Istanbul
En Turquie, un juge ordonne l'incarcération du maire d'opposition d'Istanbul

En Turquie, un juge ordonne l’incarcération du maire d’opposition d’Istanbul

23.03.2025 12:14
3 min de lecture

Un juge a ordonné dimanche l’incarcération pour « corruption » du maire d’opposition d’Istanbul Ekrem Imamoglu, dont l’arrestation mercredi a déclenché une vague de contestation en Turquie, a annoncé un de ses avocats à l’AFP. D’autres co-accusés du maire, dont l’un de ses proches conseillers, ont aussi été incarcérés, selon des médias turcs.

Quatre jours après son arrestation qui a déclenché une vague de contestation en Turquie, un juge a ordonné dimanche 23 mars l’incarcération pour « corruption » du maire d’opposition d’Istanbul Ekrem Imamoglu, a annoncé un de ses avocats à l’AFP.

Également poursuivi pour « terrorisme », Ekrem Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait été amené samedi soir avec 90 de ses co-accusés au tribunal stambouliote de Caglayan, protégé par un très important dispositif policier, avant d’y être entendu à deux reprises dans la nuit.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d’opposition auquel le maire d’Istanbul appartient, a dénoncé « un coup d’État politique ».

La justice a ordonné dimanche matin l’incarcération d’autres co-accusés du maire, dont l’un de ses proches conseillers, selon des médias turcs.

Jusque tard, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville d’Istanbul pour le quatrième soir consécutif à l’appel de l’opposition afin d’y soutenir Ekrem Imamoglu, qui a dénoncé des accusations « immorales et sans fondement » à son encontre.

Vague de protestation d’une ampleur inédite

Des manifestants ont passé la nuit à l’intérieur de la mairie, certains tentant de trouver le sommeil sur des chaises disposées dans le hall du vaste bâtiment en attendant d’être fixés sur le sort du maire, a constaté un photographe de l’AFP.

Pour tenter de prévenir des troubles, le gouvernorat d’Istanbul a prolongé l’interdiction de rassemblements jusqu’à mercredi soir et annoncé des restrictions d’entrée dans la ville aux personnes susceptibles de participer à des rassemblements, sans préciser comment il les mettrait en œuvre.

L’accusation de « soutien à une organisation terroriste » contre Ekrem Imamoglu, figure du CHP, fait redouter à ses soutiens son remplacement par un administrateur nommé par l’État à la tête de la plus grande ville du pays.

Depuis mercredi, la vague de protestation déclenchée par son arrestation s’est répandue à travers la Turquie, atteignant une ampleur inédite depuis le grand mouvement de contestation de Gezi parti de la place Taksim d’Istanbul, en 2013.

Des rassemblements ont eu lieu dans au moins 55 des 81 provinces turques, soit plus des deux tiers du pays, selon un décompte effectué samedi par l’AFP. Ces manifestations ont débouché sur des centaines d’arrestations dans au moins neuf villes du pays, selon les autorités.

Erdogan a juré de ne pas céder à la « terreur de la rue »

« Tout comme les gens sont descendus dans les rues pour soutenir Erdogan lors de (la tentative) de coup d’État du 15 juillet (2016), nous sommes dans la rue pour soutenir Imamoglu », a déclaré samedi soir à l’AFP Aykut Cenk, 30 ans. « Nous ne sommes pas les ennemis de l’État mais ce qui se passe est illégal », a-t-il ajouté en brandissant un drapeau turc devant le tribunal stambouliote de Caglayan où le maire était entendu. 

Paris et Berlin ainsi que les maires de plusieurs grandes villes européennes avaient également condamné dès mercredi l’arrestation d’Ekrem Imamoglu.

En réponse à la contestation, le président Erdogan, qui a lui-même été maire d’Istanbul dans les années 1990, a juré de ne pas céder à la « terreur de la rue ».

Ekrem Imamoglu, 53 ans, est devenu la bête noire d’Erdogan en ravissant en 2019 la capitale économique du pays au Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du chef de l’État, qui gardait la main sur Istanbul avec son camp depuis vingt-cinq ans.

L’édile d’opposition, triomphalement réélu en 2024, devait assister initialement dimanche à son investiture en tant que candidat de son parti pour la prochaine présidentielle, prévue en 2028.

Le CHP a décidé de maintenir l’organisation de cette primaire, qui a démarré à 8 h locales (5 h GMT), et a appelé tous les Turcs, même non inscrits au parti, à y prendre part.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER