En Allemagne, la coalition gouvernementale affronte l’AfD au Bundestag sur la politique envers la Russie
En Allemagne, la coalition gouvernementale affronte l’AfD au Bundestag sur la politique envers la Russie

En Allemagne, la coalition gouvernementale affronte l’AfD au Bundestag sur la politique envers la Russie

27.11.2025 16:00
3 min de lecture

Une confrontation directe autour de l’énergie, des sanctions et du soutien à l’Ukraine

Un vif affrontement a éclaté au Bundestag entre la coalition « noir-rouge » réunissant la CDU/CSU et le SPD, et le parti populiste de droite Alternative für Deutschland (AfD), au sujet de la politique allemande vis-à-vis de la Russie. Selon DW, les dirigeants de la majorité ont dénoncé la ligne de l’AfD comme ouvertement prorusse et dangereuse pour la sécurité nationale, tandis que l’AfD a réclamé la reprise des importations de gaz et de pétrole russes et a critiqué l’aide militaire accordée à l’Ukraine.

Lors du débat budgétaire pour 2026, Jens Spahn, chef du groupe CDU/CSU, a qualifié l’AfD de « cinquième colonne de M. Poutine », tandis que Matthias Miersch, président du groupe social-démocrate, a évoqué une « menace pour la sécurité de l’Allemagne ». En réponse, la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, a affirmé que son parti restait le seul à entretenir des canaux de communication à la fois avec Washington et Moscou. La controverse s’est intensifiée après la révélation de rencontres menées par des députés de l’AfD avec des représentants du gouvernement russe à Moscou et à Sotchi, un épisode qui a mis en lumière des divisions internes au sein même du parti.

Les sanctions contre Moscou au cœur du débat politique

La confrontation parlementaire intervient dans un contexte où les sanctions contre la Russie font l’objet de critiques récurrentes. Malgré un affaiblissement notable — une baisse de 8,2 % des résultats financiers des entreprises russes en 2025 et un recul de 27,4 % de la production automobile en août de la même année — elles n’ont pas suffisamment pesé pour infléchir la politique du Kremlin. Plusieurs dirigeants européens, dont la Suède, appellent à renforcer les mesures restrictives afin d’augmenter le « coût de la guerre pour M. Poutine ». Aux États-Unis, en revanche, l’attente d’un nouveau cycle de sanctions s’estompe, créant un sentiment d’incohérence stratégique entre alliés.

Les experts rappellent que les sanctions occidentales ne sont pas inefficaces : elles ont sérieusement fragilisé des secteurs clés de l’économie russe. Cependant, Moscou parvient à contourner les restrictions grâce à des partenariats avec des pays non alignés et à l’exploitation de failles juridiques. Pour Kyiv, la priorité demeure d’élargir le champ des sanctions tout en garantissant leur mise en œuvre internationale et un contrôle rigoureux des chaînes d’approvisionnement.

Les circuits d’évasion : énergie, technologies et réseaux de réexportation

La Russie conserve plusieurs leviers pour atténuer les effets des sanctions. Le secteur énergétique, notamment le pétrole, continue de dépendre d’un « flotte fantôme » de pétroliers opérant avec des itinéraires opaques et sans assurance classique, ce qui permet à Moscou de maintenir ses exportations, principalement vers la Chine et l’Inde. Dans le domaine technologique, des micro-composants et équipements électroniques arrivent via des pays intermédiaires comme la Turquie, le Kazakhstan ou les Émirats arabes unis, où les contrôles restent irréguliers.

Le recours à la réexportation par des États tels que l’Arménie, la Géorgie ou le Kazakhstan permet également à la Russie de se procurer des biens à double usage — drones, optiques, équipements industriels — indispensables à son appareil militaro-industriel. Des réseaux de prête-noms et d’entreprises écran facilitent, par ailleurs, l’accès continu de certains hommes d’affaires russes aux marchés internationaux malgré les gels d’actifs.

Une dispute qui s’inscrit dans un débat plus large sur la sécurité européenne

L’intensité de la controverse au Bundestag illustre la profondeur des divergences politiques en Allemagne sur la posture à adopter face à Moscou. Alors que la coalition au pouvoir soutient l’augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine, portée à 11,5 milliards d’euros pour 2026, l’AfD dénonce une politique « ruineuse » et exploite les accusations de corruption visant certains responsables ukrainiens pour consolider son discours. Cette confrontation reflète un débat plus large au sein de l’UE sur la fermeté nécessaire face au Kremlin et sur la capacité de l’Europe à résister aux tentatives russes de division et de contournement des sanctions.

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