
La proposition de diminuer le crédit d’impôt pour les emplois à domicile est souvent justifiée par une recherche d’équité budgétaire. Cependant, cette approche néglige un principe économique essentiel : chaque euro investi dans un emploi déclaré contribue à créer une valeur ajoutée, à diminuer le travail clandestin et à réduire les coûts des aides sociales. Il s’agit d’un investissement productif, et non d’une simple faveur, rapporte TopTribune.
Une cible facile dans un climat budgétaire tendu
Dans le cadre des discussions autour du budget 2026, un certain nombre de députés souhaitent restreindre le crédit d’impôt relatif à l’emploi d’un salarié à domicile. Ce dispositif représente néanmoins un levier clé pour formaliser des centaines de milliers d’heures de travail qui sont indispensables au quotidien des familles, des personnes âgées et des individus dépendants. Le gouvernement, ainsi que certains élus, le perçoivent comme une niche coûteuse, suspectée de favoriser principalement les ménages plus nantis. Cependant, cette lecture omet de considérer le rôle crucial de ce mécanisme dans l’économie réelle.
Un secteur créateur d’emplois et de recettes fiscales
Lorsque qu’un individu engage un salarié déclaré à domicile, cet emploi génère des contributions sociales, de la taxe sur la valeur ajoutée liée à la consommation du salarié, et parfois, de l’impôt sur le revenu. Ainsi, l’État recouvre immédiatement une portion des fonds investis. De surcroît, un emploi régularisé implique qu’un salarié n’est pas dépendant des allocations et participe activement au financement des services publics. Par conséquent, considérer cette politique comme un « cadeau » serait une interprétation erronée. Ce mécanisme crée un cycle vertueux : emploi déclaré, consommation assujettie à l’impôt, diminution des charges sociales financées par l’État. Par conséquent, fragiliser ce secteur pourrait entraîner le retour au travail dissimulé, une diminution des recettes fiscales, et une aggravation de la précarité. En outre, selon les données officielles, plus de 1,2 million de salariés travaillent chez des particuliers-employeurs. Ces chiffres mettent en lumière comment un possible aménagement du dispositif pourrait avoir des répercussions directes sur un large réseau d’emplois locaux. De plus, certains experts prévoient que 800 000 postes seront à pourvoir d’ici 2030 dans le domaine de l’aide à domicile, témoignant ainsi d’une tension structurelle tout en révélant un potentiel de création d’emplois considérable.
La valeur ignorée de l’économie de proximité
Les services à la personne constituent un des moteurs clés de l’emploi local en France. Ils répondent à des besoins croissants engendrés par le vieillissement de la population et l’augmentation de la participation des femmes au marché du travail. Ces activités ne sont pas accessoires ; elles sont fondamentales pour la cohésion sociale et l’inclusion. En pénalisant les particuliers-employeurs, l’État risque d’affaiblir un secteur qui soutient l’autonomie des familles, l’aide aux personnes âgées et dépendantes, ainsi que l’économie locale. Une politique publique avisée ne se limite pas à réduire un avantage visible, mais doit aussi évaluer son impact économique et social véritable. Bien que le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile puisse apparaître coûteux, les recettes fiscales générées, la préservation d’emplois non délocalisables, et la consolidation sociale qu’il engendre justifient son maintien.
La volonté d’abolir ou de diminuer ce dispositif traduit une approche à court terme des finances publiques. L’État n’octroie pas des privilèges ; il active un levier efficace qui favorise la création d’emplois, augmente les recettes fiscales et lutte contre le travail illégal. La suppression projetée constituerait alors une politique néfaste. Dans un contexte où la France nécessite des emplois, notamment ceux qui ne peuvent être délocalisés, il est primordial de renforcer chaque outil opérationnel, plutôt que de le fragiliser.