Plusieurs personnalités appelaient au boycott, sur fond de tensions diplomatiques entre la France et l’Azerbaïdjan au sujet de l’Arménie. La ministre de la Transition écologique représentera malgré tout le gouvernement.
Une COP29 sans président français. Emmanuel Macron ne se rendra pas au sommet climatique de l’ONU organisé à Bakou, en Azerbaïdjan, à partir du lundi 11 novembre. « Aucun dirigeant français ne participera au segment de haut niveau, c’est la première fois depuis l’accord de Paris » de 2015, a déclaré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, au Sénat, mercredi 6 novembre. Autour d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus lors de la séquence du sommet destinés aux dirigeants, les 12 et 13 novembre, selon les organisateurs de la COP29.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, seront également absents. En revanche, le Premier ministre britannique Keir Starmer et l’Espagnol Pedro Sanchez sont attendus sur place.
L’absence d’Emmanuel Macron s’inscrit dans un contexte de dégradation des relations entre la France et l’Azerbaïdjan, après la condamnation française de l’offensive militaire azerbaïdjanaise contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh, en septembre 2023, qui s’est achevée par la reprise de cette région par Bakou et l’exode de plus de 120 000 civils arméniens.
La France a depuis accentué son rapprochement avec l’Arménie, le rival historique de l’Azerbaïdjan, en lui fournissant des armes et en appuyant sa position. En réponse, Bakou a choisi d’attiser les mouvements indépendantistes dans les territoires français d’outre-mer. À la télévision et dans les journaux azerbaïdjanais, un fort sentiment antifrançais est devenu omniprésent.
Des responsables de plusieurs partis appelaient au boycott
L’organisation de ce sommet par l’Azerbaïdjan est également dénoncée par de nombreuses personnalités politiques françaises de tous bords. C’est le cas notamment d’Anne Hidalgo (PS), de Laurent Wauquiez (LR) ou de Yannick Jadot (Écologistes). Ils ont appelé « le gouvernement à soutenir une action forte et symbolique pour le boycott de la COP29 », dans une tribune publiée dans Le Figaro(Nouvelle fenêtre), jeudi. Avec une trentaine d’autres personnalités, ils exigent « la libération immédiate et inconditionnelle des otages arméniens, le droit au retour sécurisé des 120 000 réfugiés du Haut-Karabakh (…) et le respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie ».
Le régime au pouvoir en Azerbaïdjan a aussi intensifié sa répression contre ses opposants en vue de la COP29, selon un récent rapport de l’ONG Human Rights Watch.
« Nous avons des relations complexes, ‘compliquées’ en langage diplomatique, avec l’Azerbaïdjan, et il n’y aura aucun événement auquel participeront des officiels français qui mettrait en valeur d’une quelconque façon tel ou tel élément de la politique azérie », a détaillé Agnès Pannier-Runacher devant la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.
La France participera tout de même aux négociations
Malgré ce contexte houleux, la France refuse « la politique de la chaise vide ». Même si la ministre française de la Transition écologique explique qu’elle aurait préféré que la COP29 « ne se tienne pas à Bakou », elle se rendra sur place du 21 au 24 novembre pour la phase finale de la négociation. « Il nous appartient de porter les couleurs de l’accord de Paris, a affirmé Agnès Pannier-Runacher. La COP est une négociation onusienne multilatérale qui est la seule négociation en relation avec le climat qui réunit tous les pays du monde. »
La France et l’Union européenne veulent continuer à se mobiliser pleinement sur les négociations climatiques, alors que l’élection de Donald Trump pourrait remettre en cause certaines avancées. L’enjeu principal de la COP29 est de réviser en hausse le montant de l’aide climatique annuelle des pays développés aux pays en développement, au-delà des 100 milliards de dollars actuels.