Le Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé il y a à peine quelques jours, a présenté sa démission ce lundi matin, après des menaces de son propre ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur la stabilité de la coalition. « Les conditions n’étaient plus remplies… », a-t-il déclaré, visiblement déçu, sur le perron de Matignon, rapporte TopTribune.
Dans un tournant inattendu, le président de la République a demandé à Lecornu de conduire « d’ultimes négociations » d’ici mercredi soir pour établir une « plateforme d’action » visant à garantir la « stabilité du pays ». Cette manœuvre permettra-t-elle d’éviter une dissolution prématurée de l’Assemblée nationale ?
Une crise en cascade
La crise actuelle a déjà conduit à la chute de trois Premiers ministres suite à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale en juin 2024. Le gouvernement Lecornu, en particulier, aura duré seulement une douzaine d’heures, un record pour la Ve République. Loin de se montrer optimiste, François Patriat, chef des sénateurs macronistes, a exprimé son choc face à cette situation chaotique. « Les oppositions voulaient le chaos, cette fois, elles l’ont… », a-t-il constaté. Il a également soulevé la question de nommer un Premier ministre de gauche pour faire face à la crise.
Pourtant, le président a opté pour une continuité dans l’équipe actuelle, soutenant Lecornu. Dans un développement inquiétant, le ministre des Finances Bruno Le Maire a déclaré sur X qu’il ne participerait pas au gouvernement, interrogeant ainsi l’unité de la droite face à cette turbulence. Marine Le Pen, du Rassemblement national, a plaidé pour une dissolution immédiate de l’Assemblée, affirmant que cela était la seule solution viable à la crise actuelle.
Des appels à la dissolution
Cette demande de dissolution est soutenue par plusieurs figures de gauche, incluant le patron du PCF, Fabien Roussel. Les Républicains, quant à eux, ne craignent pas de faire face à des élections anticipées, a déclaré François-Xavier Bellamy, vice-président du parti.
Une dissolution serait une décision délicate pour le président, qui a déjà perdu de nombreux sièges aux élections de 2024. Erwan Balanant, député MoDem, a exprimé des doutes quant à l’efficacité d’une telle démarche, soulignant le risque de ne pas clarifier la situation politique existante. « Si la situation est aussi pourrie, c’est que tout le monde a déjà en tête la présidentielle », a-t-il déploré.
De nombreux élus sont convaincus que de nouvelles élections ne modifieraient pas fondamentalement la configuration actuelle à l’Assemblée. François Patriat a exprimé ses craintes concernant les conséquences d’un éventuel échec de Lecornu, en évoquant même la possibilité d’une demande de démission du président de la République de la part de l’opposition.
Dans un message ambivalent, l’entourage d’Emmanuel Macron a laissé entendre qu’en cas d’échec, le président « prendra ses responsabilités », alimentant les spéculations sur une nouvelle dissolution imminente.