Efficacité des lâchers de moustiques contre la dengue et le chikungunya : une évaluation incertaine en France

Efficacité des lâchers de moustiques contre la dengue et le chikungunya : une évaluation incertaine en France

23.09.2025 17:13
2 min de lecture

Le 17 septembre 2025, Santé publique France a signalé une augmentation sans précédent des cas de chikungunya, de dengue et du virus West Nile en France métropolitaine, avec un total de 484 cas de chikungunya, 32 infections par le virus du West Nile et 21 cas de dengue. Ce phénomène marque également l’apparition pour la première fois de cas dans certaines régions françaises, soulignant l’urgence de la situation, rapporte TopTribune.

En parallèle, l’Anses publiera le 18 septembre une évaluation sur l’efficacité des lâchers de moustiques pour contrôler les populations d’insectes et les virus qu’ils véhiculent. Actuellement, la lutte contre les moustiques repose principalement sur l’utilisation d’insecticides, qui posent des risques significatifs pour la santé humaine et animale, tandis que les moustiques développent des résistances à ces produits. Cela soulève la nécessité d’explorer de nouvelles approches pour combattre ces insectes.

Quelles sont les techniques de lâcher de moustiques ?

Trois types de moustiques sont envisagés pour les lâchers :

  • des mâles stérilisés par irradiation ;
  • des insectes incompatibles, porteurs d’une souche spécifique de la bactérie Wolbachia, qui empêchent le développement des œufs en cas de reproduction avec des femelles non porteuses ;
  • des mâles et femelles porteurs d’une souche de Wolbachia sélective pour réduire la compétence des moustiques à transmettre les virus.

L’Anses a classé le niveau de preuve de chaque méthode ; certaines ayant des résultats avérés, d’autres possibles ou non qualifiables. « La technique de l’insecte stérile a notamment un niveau de preuve avéré pour la réduction du taux d’éclosion des œufs chez Aedes albopictus et probable chez Aedes aegypti. Les données disponibles montrent également la capacité de la technique de l’insecte incompatible à réduire le taux d’éclosion des œufs et le nombre de femelles des trois espèces d’Aedes étudiées », précise l’Anses. Toutefois, les informations manquent pour évaluer l’impact réel de ces techniques sur la réduction des maladies vectorielles. Concernant la technique de remplacement, une diminution confirmée de l’incidence de la dengue a été observée, ainsi qu’un effet potentiel sur le chikungunya.

L’Agence prévoit l’acquisition de données supplémentaires pour perfectionner cette évaluation.

Attention aux effets non-intentionnels

Des effets inattendus qui nécessitent une attention particulière ont également été mentionnés. Cela inclut l’émergence de résistances chez les insectes, la perturbation des chaînes alimentaires et des modifications des dynamiques de transmission des virus chez les humains. À ce jour, ces effets inattendus sont peu documentés et nécessitent des recherches spécifiques pour les anticiper. L’Anses recommande de mener des études supplémentaires pour identifier les indicateurs permettant une surveillance efficace de ces effets potentiels.

Les lâchers de moustiques doivent être envisagés sur le long terme et lorsque les densités de population sont faibles. Ils ne pourront donc pas, à eux seuls, résoudre la problématique des arboviroses transmises par les moustiques ni le risque épidémique associé. Ces techniques « doivent donc être intégrées dans une stratégie de lutte antivectorielle complète. D’autres méthodes de prévention et de lutte, notamment celles visant à réduire les populations de moustiques avant les lâchers, sont essentielles, de même qu’une éventuelle mise en place d’une stratégie vaccinale adaptée », indique l’Anses.

À titre individuel, il est recommandé de vider les réservoirs d’eau stagnante tels que les seaux, de ranger le matériel pouvant accumuler l’eau de pluie, de couvrir les bidons de récupération d’eau de pluie avec des moustiquaires ou des tissus, et de nettoyer les gouttières pour éviter la stagnation. Santé publique France rappelle que la saison n’est pas encore terminée et que la vigilance reste de mise.

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