Drones, canons rapides, robotisation, scénarios de conflit avec la Russie... Comment la France se prépare à la guerre du futur
Drones, canons rapides, robotisation, scénarios de conflit avec la Russie... Comment la France se prépare à la guerre du futur

Drones, canons rapides, robotisation, scénarios de conflit avec la Russie… Comment la France se prépare à la guerre du futur

16.04.2025
3 min de lecture
Camp militaire d'entraînement de l'armée de terre, dans le Pas-de-Calais, le 29 octobre 2024. (JOHAN BEN AZZOUZ / MAXPPP)
Camp militaire d’entraînement de l’armée de terre, dans le Pas-de-Calais, le 29 octobre 2024. (JOHAN BEN AZZOUZ / MAXPPP)

Comment se préparer aux guerres qui viennent, alors que plusieurs sont toujours en cours en Ukraine, au Proche-Orient, au Soudan ? Quels sont les nouveaux risques pour les soldats engagés dans ces conflits et les prochains ? « L’art de (faire) la guerre » est-il en train de se modifier ? Comment s’assurer que le pays soutiendra ses forces armées dans un conflit majeur ? De la lutte antidrone sur les lignes de front jusqu’aux grandes stratégies du pays en cas d’affrontement avec la Russie, franceinfo s’est rendu auprès des forces armées pour comprendre comment anticiper et préparer la guerre du futur.

Un canon rapide pour lutter contre les drones 

Le bruit des drones, d’observation ou d’attaque, quand ce n’est pas le fracas des armes, c’est ce qu’on entend de plus en plus sur les champs de bataille. Et contre ces drones, l’armée de terre a inventé un canon rapide, le Proteus, qui vient d’être testé avec succès au camp de Canjuers, dans le Haut-Var. Ses concepteurs sont, eux, installés à la Section technique de l’armée de terre, à Versailles. Le Proteus, « c’est un canon antiaérien, donc un vieux canon à nous, qu’on a beaucoup en stock, et qu’on modifie pour faire de la lutte antidrone,explique le commandant Flavien. On a rajouté une caméra qui permet de faire de la détection, on a rajouté un calculateur, une sorte d’ordinateur qui nous permet de travailler le flux vidéo qu’on récupère de cette caméra. Et on incruste à l’intérieur des réticules de tir qui permettent d’aider le tireur à viser au plus juste. »

Le Proteus est donc un assemblage d’éléments : canon, caméra, calculateurs, déjà existants et éprouvés, ce qui limite son coût de production, y compris celui de la munition. « En tout cas pour les low cost, précise le commandant Flavien. C’est-à-dire qu’on peut se permettre de dépenser des munitions sur des cibles ou des drones qui apparaîtraient. » Une munition coûte ainsi 24 euros, elles ne sont plus produites, mais l’armée de terre en a beaucoup en stock. 

Et une version améliorée du Proteus, pilotée par intelligence artificielle, est en cours de développement avec, là aussi, un souci de production rapide et peu chère. Cinquante canons doivent pouvoir être livrés d’ici à un an et demi.

« C’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui »

Les tactiques et les armements changent, mais les opérations elles-mêmes, ce que l’on appelle « l’art de la manœuvre », vont devoir également évoluer. Il existe un service « d’anticipation » des guerres à venir qui travaille sur ces évolutions, à l’école militaire à Paris, commandé par le général Baratz. « On commande le commandement du combat futur de l’armée de terre », explique-t-il. 

Son premier constat est qu’il est difficile aujourd’hui de passer inaperçu au combat, et il n’y a pas que les drones pour vous repérer. « C’est une sorte de transparence du champ de bataille, explique le général Baratz. C’est-à-dire qu’il y a une multiplication des capteurs spatiaux, aériens, mais également sur le terrain : acoustiques, électromagnétiques…  C’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui. »

« Ça change radicalement notre façon de conduire la manœuvre, puisqu’un des principes de la guerre, c’est la concentration des efforts, être capable de concentrer les moyens à un moment particulier pour pouvoir prendre l’ascendant sur l’adversaire. »

La multiplication, après celle des drones aériens, des robots de combats au sol, sur le terrain, est une autre tendance lourde à venir. « C’est une tendance à mon sens inéluctable, assure le militaire. On va vers un champ de bataille de plus en plus robotisé, c’est quasiment certain. Demain, en tête, on aura des robots. Et aujourd’hui d’ailleurs, nos systèmes de déminage pour franchir les champs de mines sont des systèmes robotisés. »

Un jeu de guerre quasi-grandeur nature

Préparer les guerres de l’avenir, c’est aussi s’assurer de la cohésion nationale, indispensable pour mener à bien des campagnes qui peuvent être longues, complexes et coûteuses économiquement, comme humainement. Et cela n’a pas échappé à l’école militaire, où a été organisé en février dernier, un jeu de guerre quasi-grandeur nature. Face à face, le gouvernement français et son président, le chef des armées, et en face la Russie, sur le point d’envahir les pays baltes.

Dans ce scénario censé se dérouler en 2035, l’ambassadeur russe à l’ONU lance les hostilités diplomatiques, des hostilités suivies d’une attaque brusquée, massive, notamment par drones, sur les capitales des pays baltes. L’idée de ce jeu de guerre, conçu par le spécialiste du genre à l’armée de terre, le commandant Antoine Bourguilleau, est de présenter des scénarios plausibles.« Pour nous, l’objectif, c’était vraiment d’avoir un jeu où on évoque un futur possible que personne ne souhaite, mais, néanmoins, en disant et si ça se passe ? Est-ce qu’on est prêt ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment et avec qui ?, précise-t-il. On a effectivement un public essentiellement d’étudiants, parce qu’on a aussi envie de les sensibiliser. »

L’idée est aussi de familiariser une génération d’étudiants avec les stratégies, les logiques politiques, diplomatiques et bien sûr militaires d’un affrontement majeur. À noter que dans ce scénario, la France de 2035-2036 pouvait toujours compter inconditionnellement sur l’appui militaire américain, une situation devenue aujourd’hui beaucoup moins plausible.

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