Les exportations sont l’un des principaux contributeurs à la croissance de la Chine et les Etats-Unis pèsent lourd dans ses échanges commerciaux.
La guerre commerciale est déclarée. A l’occasion de ce qu’il a présenté comme le « Liberation Day », Donald Trump a annoncé, mercredi 2 avril, une salve de nouveaux droits de douane contre les partenaires des Etats-Unis. Si toutes les importations seront taxées à hauteur de 10% minimum à partir du 5 avril, certains pays vont être plus durement touchés que les autres dès le 9 avril. C’est le cas de la Chine, qui écope d’un taux de 34% – tarif douanier qui s’ajoute aux 20% déjà imposés à Pékin le mois dernier – et qui est également soumise à des droits de douane sectoriels sur les importations d’acier, d’aluminium et de voitures.
J’ai un grand respect pour le président chinois Xi [Jinping], un grand respect pour la Chine, mais ils ont énormément profité de nous », a déclaré Donald Trump mercredi depuis la Maison Blanche. Le lendemain, le ministère du Commerce chinois a exhorté « les Etats-Unis à annuler immédiatement les droits de douane unilatéraux » et promis des contre-mesures.
Les exportations, nécessaires à la croissance
En effet, l’économie chinoise, orientée vers les exportations, est très sensible aux tribulations du commerce international. Et ses échanges avec Washington sont particulièrement importants. D’après le Bureau du représentant américain au commerce (Nouvelle fenêtre), les exportations de biens de la Chine vers les Etats-Unis ont atteint l’an dernier plus de 500 milliards de dollars. Et selon l’Observatoire de la complexité économique(Nouvelle fenêtre), les exportations chinoises vont principalement vers le pays de l’oncle Sam.
Outre sa relation unilatérale avec son partenaire américain, Pékin pourrait souffrir indirectement des droits de douane imposés au reste du monde. « Les hausses tarifaires généralisées des Etats-Unis envers d’autres partenaires commerciaux ralentiront le commerce mondial », pointent dans un rapport les économistes de la banque américaine Morgan Stanley, cité par Bloomberg (Nouvelle fenêtre). Or, comme le souligne la Direction générale du Trésor français (Nouvelle fenêtre), « les exportations restent un des principaux contributeurs à la croissance ».
Ainsi, les analystes s’attendent à ce que ces nouvelles taxes pèsent lourdement sur le PIB de la Chine, que les dirigeants du pays espéraient voir croître d’au moins 5% cette année. Les économistes de Goldman Sachs Group Inc., BNP Paribas SA, Société Générale SA, Oversea-Chinese Banking Corp et ING Bank, par exemple, prévoient une baisse d’un à deux points de pourcentage, rapporte Bloomberg.
Des contre-mesures annoncées
Pékin ne pourra plus non plus compter sur ses voisins, où les entreprises chinoises avaient réorganisé leur chaîne d’approvisionnement face aux droits de douane imposés par les Etats-Unis pendant le premier mandat de Donald Trump (2016-2021). Parmi eux : le Vietnam, dont les produits seront taxés à 46%. Hanoï « a été clairement ciblé [par le président américain] en raison de son rôle de canal [d’exportations vers les Etats-Unis] permettant à la Chine de contourner les tarifs douaniers précédents », estime l’ancien négociateur commercial américain Stephen Olson auprès de la BBC(Nouvelle fenêtre).
Ces nouveaux tarifs menacent donc la fragile reprise économique de la Chine, aux prises avec une crise de l’endettement de son secteur immobilier et une consommation toujours faible. Pékin a pris des mesures massives de relance l’an dernier. Mais « les droits de douane américains sur les importations chinoises annoncés depuis le début de l’année pourraient effacer complètement l’effet des mesures de relance budgétaire annoncées jusqu’à présent », a estimé Frederic Neumann, économiste en chef pour l’Asie chez HSBC, cité par l’AFP.
Par ailleurs, Pékin a prévu des représailles, qui pourraient se traduire par une augmentation des droits de douane déjà imposés en réponse à des mesures antérieures. Le mois dernier, la Chine avait annoncé des droits de douane de 15% sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié en provenance des Etats-Unis. « Les contre-mesures doivent être raisonnables, bénéfiques et mesurées », a affirmé Mei Xinyu, économiste à l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, affilié à l’Etat, auprès de l’AFP. « Elles doivent être fortes et précises, tout en évitant de transformer les contre-mesures en un découplage » entre Pékin et Washington, a-t-il prévenu.