L’anecdote sur Donald Trump prend de l’ampleur : le président a déjà participé à un match de catch contre Vince McMahon, le patron de la plus grande fédération de catch au monde. En plus de cela, Trump a été intronisé au « Hall of Fame » de la World Wrestling Entertainment. Par ailleurs, Linda McMahon, l’épouse de Vince, occupe actuellement le poste de secrétaire à l’Éducation aux États-Unis. À cela s’ajoute la récente disparition de Hulk Hogan, l’un des catcheurs les plus emblématiques, qui était un fervent supporter de Trump et avait activement participé à la campagne présidentielle de 2024, rapporte TopTribune.
Le président lui-même se déclare passionné par ce sport. Selon Alexandre Eyries, enseignant-chercheur en communication, Trump jouerait pratiquement le rôle d’un catcheur dans le domaine politique. Sa présentation ? « Un homme invincible, à l’épreuve des balles, qui vit pour le rapport de force, symbolisé par ses célèbres poignées de main. » Ses exagérations ? « Des « catchphrases » que chaque catcheur utilise pour captiver le public. Et à l’image de la lutte, il a compris que jouer le rôle du méchant pouvait paradoxalement renforcer sa popularité. »
Donald Trump, le catcheur idéal ?
Les manœuvres de Trump sur des questions diplomatiques peuvent souvent sembler stériles, mais cela rappelle le monde du catch. Ainsi, comme l’explique un expert, « le combat en lui-même est bref, mais ce qui importe, c’est l’anticipation, l’intensité des confrontations verbales, qui constituent le véritable spectacle. »
Dans un podcast d’avril dernier, Paul « Triple H » Levesque, le nouveau PDG de la WWE, a déclaré : « Donald Trump possède un charisme indéniable. Sa capacité à toucher les gens et à susciter des réactions est impressionnante, un véritable talent inné. »
Le catch, un divertissement aux spectateurs majoritairement… démocrates
Ces éléments peuvent donner l’impression que le catch est le repaire des partisans de Trump. Cependant, sa participation à un match ne signifie pas que la WWE prône des convictionspartisanes. « La WWE fait régulièrement appel à des célébrités, indépendamment de leurs affiliations politiques », souligne le commentateur français Christophe Agius. Des personnalités comme Bad Bunny, qui soutient Kamala Harris, en sont la preuve. De plus, les interventions de Trump sur le ring et son intronisation remontent à bien avant sa carrière politique.
De manière inattendue, une étude de CBS en 2012 a révélé que les fans de catch étaient en réalité parmi les plus démocrates du pays, juste après ceux de la NBA. Ce phénomène est principalement attribué à une audience plus jeune, ainsi qu’à une proportion significative de Latino-Américains et d’Afro-Américains parmi les spectateurs, deux groupes traditionnels de soutien aux votes démocrates, bien que les dynamiques politiques évoluent au fil du temps.
« Pas de message politique, juste des affaires »
En ce qui concerne les spectacles, ceux-ci se démarquent par un discours nettement moins politisé comparé aux années 1980, lorsque Hulk Hogan costumait le héros américain luttant contre des « méchants » étrangers. « À cette époque, il était évident que c’était l’Américain qui l’emportait toujours, qu’il s’agisse d’Iranien, d’Irakien ou de Russe », rappelle Agius. Aujourd’hui, la narration privilégie une approche moins manichéenne, mettant en avant davantage de stars internationales en tant que « gentils » et offrant une plus grande visibilité aux catcheuses.
Cela dit, même si le catch ne se positionne pas explicitement du côté de Trump, il ne peut pas non plus être considéré comme démocrate. « Je ne pense pas qu’il y ait un message politique derrière la WWE, affirme Agius. L’objectif de la compagnie est avant tout économique, visant à rassembler le plus grand nombre possible d’appuis sans risquer de diviser son public. »
Silence des catcheurs sur la politique
Illustration de cette neutralité, John Cena, l’héritier moderne de Hulk Hogan, a toujours tenu sa langue sur ses opinions politiques. « Cela ne signifie pas qu’il soutient ou rejette Trump, mais beaucoup de catcheurs choisissent de rester discrets sur leurs préférences politiques », explique le commentateur. Néanmoins, plusieurs figures célèbres de la WWE, qu’elles soient encore actives ou à la retraite, affichent des affiliations démocrates, comme Batista ou Roman Reigns.
« La plupart des spectateurs semblent davantage intéressés par les affrontements entre héros et vilains que par la politique », conclut Agius. Ainsi, l’étude de CBS révèle également que les fans de catch sont ceux qui participent le moins aux élections parmi toutes les communautés sportives. Est-il surprenant que Trump apprécie tant cet univers ?