Vladimir Poutine doit présider vendredi une parade militaire à Moscou pour les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, en présence de dirigeants de vingt pays, malgré les tensions liées à la guerre en Ukraine.
Ce qu’il faut retenir
- Vladimir Poutine célèbre les 80 ans de la victoire de 1945 à Moscou malgré la guerre, en présence de 20 dirigeants dont Xi Jinping et Lula, et sous haute sécurité.
- L’Ukraine dénonce des centaines de violations du cessez-le-feu annoncé du 8 au 10 mai ; Moscou réplique qu’elle ne fait que répondre.
- En parallèle, l’UE prépare un tribunal spécial pour juger Moscou et Londres frappe la « flotte fantôme » russe avec de nouvelles sanctions.
Vladimir Poutine doit s’exprimer vendredi devant les troupes russes et les dirigeants d’une vingtaine de pays rassemblés sur la place Rouge à Moscou pour les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, un événement commémoré pour la quatrième année consécutive dans l’ombre du conflit en Ukraine.
Kiev accuse Moscou de ne pas respecter la trêve
Le président russe a ordonné d’observer un cessez-le-feu du 8 au 10 mai, à l’occasion de ces célébrations qui seront couronnées par un grand défilé militaire sous les murs du Kremlin.
Mais l’Ukraine, qui fait face depuis 2022 à une offensive russe de grande ampleur, a accusé jeudi son ennemie d’attaquer sur toute la ligne de front, évoquant des centaines de violations de la trêve.
Vendredi à l’aube, les autorités locales des régions de Kherson et de Dnipropetrovsk ont déploré que deux hommes de 60 et 83 ans aient été blessés dans des frappes de drones russes. Les forces russes ont assuré « respecter strictement » le cessez-le-feu, affirmant « répondre » à des violations ukrainiennes.
Le président américain Donald Trump avait appelé jeudi soir les deux belligérants à un « cessez-le-feu inconditionnel » de 30 jours.
Les dirigeants d’une vingtaine de nations doivent se tenir aux côtés de M. Poutine, dont ses homologues chinois Xi Jinping et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi que ceux de pays alliés à la Russie comme le Kazakhstan, le Bélarus, le Vietnam, l’Arménie, Cuba et le Venezuela.
Malgré la politique d’isolement prônée par les Occidentaux, le Premier ministre slovaque Robert Fico – défiant les injonctions de l’Union européenne – et le chef de l’Etat serbe Aleksandar Vucic sont également annoncés, de même que le président des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, recherché par la justice bosnienne.
De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a indiqué que Kiev et ses soutiens approuveraient vendredi la création d’un tribunal spécial pour juger les « crimes d’agression » russes. Quant au Royaume-Uni, son gouvernement a annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre la « flotte fantôme » utilisée par la Russie pour exporter son pétrole et son gaz.
Des cérémonies d’une ampleur inédite
Depuis mardi, Moscou et Kiev ont continué leurs frappes aériennes, provoquant en Russie le retard ou l’annulation de centaines de vols à cause d’attaques de drones ukrainiens. Le Kremlin a dit prendre « toutes les mesures nécessaires »pour assurer la sécurité des célébrations, y compris en limitant l’accès à internet pour contrecarrer les drones.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié la parade militaire prévue à Moscou de défilé « de mensonges ».
Les autorités russes ont promis des cérémonies d’une ampleur inédite pour le 9-Mai, principale grand-messe patriotique en Russie et dans d’autres ex-républiques soviétiques.
Les rues de la capitale russe sont pavoisées aux couleurs nationales et l’immense majorité des commerces et des restaurants ont placardé des affiches appelant à « se souvenir » de la victoire de 1945 et à se montrer « fiers ».
Ces trois dernières années, M. Poutine a évoqué la mémoire de la victoire sur l’Allemagne nazie pour défendre l’offensive militaire contre l’Ukraine, la Russie assurant vouloir « dénazifier » ce pays voisin dont elle occupe environ 20 % du territoire.
La Seconde Guerre mondiale, qui a fait plus de 20 millions de morts en URSS et réclamé des sacrifices inouïs à la population, a causé un traumatisme qui se ressent toujours au sein de la société et qui a nourri un patriotisme exploité par le président Poutine.
Peu après le début de l’assaut contre l’Ukraine en février 2022, les autorités russes avaient interdit toute critique des forces armées, accentuant une répression qui a jeté plusieurs centaines de personnes en prison et poussé des milliers d’autres à s’exiler.
Craintes d’attaques sur la place Rouge
Des soldats de 13 autres pays doivent aussi prendre part à la grande parade sur la place Rouge, dont ceux de la Chine, du Vietnam, de la Birmanie et de l’Egypte.
Jeudi, Poutine et Xi ont affiché leur entente face un Occident présenté comme « hégémonique », lors d’une rencontre au Kremlin.
La Chine est accusée d’aider la Russie à contourner les sanctions occidentales, voire de lui fournir des armes, comme l’a affirmé Kiev, ce que dément Pékin.
Les autorités de plusieurs régions de Russie, dont celle de Krasnodar dans le sud-ouest, ont annulé leurs défilés cette année par crainte de possibles attaques ukrainiennes.
Celui de Moscou attire chaque année les grandes foules, souvent en famille.