La fermeture des agences bancaires en France continue de croître, suscitant de nombreuses interrogations. LCI, chaîne d’information, a examiné ce phénomène le mardi 3 juin. Bien que la modernisation et la numérisation des services soient des facteurs explicatifs, cette tendance engendre des conséquences significatives pour les clients, notamment dans les zones rurales, rapporte TopTribune.
Un secteur bancaire en pleine transformation
Au cours des cinq dernières années, 3 296 agences bancaires ont mis la clé sous la porte en France. La Société Générale a été particulièrement impactée avec 542 fermetures, représentant 20% de son réseau. De son côté, BNP Paribas prévoit de fermer plus d’un tiers de ses agences d’ici 2030, équivalant à environ 600 établissements sur un total de 1 500. Le CCF, anciennement HSBC France jusqu’en 2023, envisage également de réduire son réseau en éliminant 72 des 238 agences d’ici fin 2026.
Le Crédit Agricole a déjà commencé ce mouvement en fermant son agence à Écos, dans le Vexin-sur-Epte (Eure), tandis que le Crédit Mutuel Alliance Fédérale se concentre sur la fermeture de ses plus petites structures, cherchant à ce qu’au moins 85% d’entre elles emploient un minimum de sept employés. D’ici la fin de 2024, il ne devrait plus y avoir que 33 024 agences bancaires en France, soit près de 5 000 de moins qu’il y a dix ans, ce qui démontre une véritable réduction du tissu bancaire.
Les conséquences pour les clients et les territoires
Les effets de ces fermetures sont palpables au quotidien pour les résidents des zones affectées. À Écos, les habitants se trouvent sans conseiller ni distributeur automatique. Alain, 76 ans, doit désormais parcourir huit kilomètres pour obtenir des services bancaires. « On est censé faire comment maintenant ? » s’interroge-t-il, face à une situation qui complique ses démarches habituelles.
Les syndicats soulignent l’urgence de la situation face à ces fermetures répétées, notamment avec la transformation des distributeurs. La disparition des agences a un impact particulièrement fort sur les personnes âgées ou celles peu à l’aise avec les outils numériques, et l’élimination des distributeurs automatiques ne fait qu’exacerber ces difficultés.
La digitalisation croissante des services bancaires et la diminution de la fréquentation des agences sont des raisons majeures de cette évolution, tandis que les défis des banques numériques deviennent plus évidents. De plus, les coûts élevés de la gestion des agences encouragent les banques à revoir leurs opérations. Ce phénomène s’inscrit dans un cadre de modernisation bancaire, une préoccupation pour des élus comme Laurent Depagne, maire d’Aulnoy-les-Valenciennes.
À l’échelle européenne, la France affiche un nombre d’environ 492 établissements par million d’habitants, soit deux fois plus qu’en Allemagne, qui totalise moins de 20 000 institutions physiques.
La banque traditionnelle face à la banque en ligne
Avec cette évolution, les banques en ligne prennent de l’ampleur, car elles présentent des frais réduits grâce à l’absence de réseau physique. Claire Fournier précise que « la différence ne se mesure pas aux déplacements ou aux agios, mais grâce à des produits attractifs ou des avantages comme la gratuité d’une carte bancaire. »
Cependant, ces solutions numériques ont leurs limites : obtenir des conseils spécifiques ou personnalisés demeure souvent plus complexe pour les utilisateurs.
Les réponses des banques
Pour s’adapter aux besoins évolutifs de leurs clients tout en optimisant leurs ressources, les banques traditionnelles mettent en œuvre diverses stratégies. Le Crédit Agricole, par exemple, réorganise son réseau régional, tandis que BNP Paribas adopte une approche spécifique à chaque région.
Frédéric Guyonnet note sur franceinfo que « certes, les clients visitent moins les agences, » mais il ajoute qu’en cas de situations cruciales, telles qu’une séparation ou l’achat d’une première maison, « les démarches ne se font pas par Internet. » La fermeture massive d’agences représente donc un défi majeur pour le secteur bancaire, ainsi que pour les usagers, qui font face à une transformation rapide du paysage économique local et national. Dans ce contexte, il est essentiel d’envisager des solutions alternatives pour garantir un accès efficace aux services bancaires pour tous.