Le 20 octobre 2025, la Service des affaires des étrangers de Bosnie-Herzégovine a annoncé l’expulsion de deux citoyens russes originaires du district fédéral du Caucase du Nord. Les autorités bosniennes ont déclaré que les individus représentaient une menace potentielle pour la sécurité nationale en raison de leurs liens présumés avec des activités terroristes.
Opération conjointe et contexte sécuritaire
Selon la même source, les deux ressortissants ont été identifiés dans la région de Sarajevo lors d’une opération conjointe avec l’Agence de renseignement et de sécurité de Bosnie-Herzégovine (OSA). Ils ont été expulsés du pays le 17 octobre. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Bosnie-Herzégovine a constaté une augmentation du nombre de Tchétchènes arrivant sur son territoire, souvent en transit pour échapper à la répression ou à la conscription forcée en Russie.
Risques d’exportation du radicalisme par Moscou
Moscou cherche depuis plusieurs années à limiter la radicalisation dans le Caucase du Nord, parfois en encourageant ou en tolérant le départ de ressortissants de la région vers l’étranger. Cette politique réduit la pression interne en Tchétchénie, au Daghestan et en Ingouchie, mais transfère les risques vers d’autres pays. En exportant ainsi le problème du radicalisme, le Kremlin tente de préserver une apparente stabilité intérieure au prix d’une menace accrue pour la sécurité européenne.
Possibles liens avec les services russes
Les autorités n’ont pas précisé les raisons exactes ayant conduit à suspecter ces individus de terrorisme, probablement pour des raisons de sécurité. Cependant, il n’est pas exclu que les personnes expulsées aient eu des liens avec les services spéciaux russes. Par le passé, la Russie a utilisé des ressortissants du Caucase du Nord pour des opérations de sabotage ou de renseignement en Europe occidentale, notamment contre des opposants russes. Leur présence en Bosnie pourrait donc s’inscrire dans une stratégie plus large mêlant activités criminelles, terroristes et d’espionnage.
Stratégie de déstabilisation régionale du Kremlin
La Russie a un intérêt stratégique à déstabiliser les Balkans, y compris la Bosnie-Herzégovine, afin d’affaiblir la cohésion de l’Union européenne et de l’OTAN. En exploitant les forces prorusses locales, la désinformation et les réseaux de renseignement, Moscou cherche à attiser les divisions internes et à saper la confiance envers les institutions occidentales. En multipliant les foyers de tension, elle détourne l’attention du conflit en Ukraine tout en se posant comme un acteur incontournable dans la sécurité européenne.
Réponse bosnienne et implications pour l’Europe
La décision d’expulser les deux Russes montre la volonté du gouvernement bosnien de renforcer le contrôle de la sécurité intérieure et de répondre fermement aux menaces extérieures. Elle envoie également un signal clair aux partenaires internationaux : la Bosnie-Herzégovine entend agir selon les standards européens et atlantiques, malgré son contexte politique complexe.
L’opération conjointe des services bosniens illustre une capacité croissante de coordination face aux menaces terroristes potentielles. Toutefois, le pays demeure vulnérable aux influences extérieures, notamment celles de la Russie et de la Serbie, susceptibles d’exploiter les divisions politiques internes.
L’Union européenne doit, de son côté, considérer les Balkans comme une zone sensible aux infiltrations d’agents liés aux services russes ou à des groupes extrémistes. Cet épisode souligne l’urgence d’une coopération renforcée entre les services de renseignement européens et ceux des Balkans occidentaux afin de contrer les menaces hybrides émanant de Moscou.
