Désinformation comme arme: le Kremlin intensifie ses attaques en Moldavie
Désinformation comme arme: le Kremlin intensifie ses attaques en Moldavie

Désinformation comme arme: le Kremlin intensifie ses attaques en Moldavie

26.08.2025 11:20
2 min de lecture

À mesure que la Moldavie avance sur la voie de l’intégration européenne, l’ampleur des attaques informationnelles venues de Moscou s’accroît, visant à démobiliser une société de plus en plus orientée vers l’UE. Les récits trompeurs insistent sur la supposée pauvreté croissante, la « perte d’identité » et la « dictature de Bruxelles », cherchant à semer la peur et la désillusion. L’objectif est clair : miner la confiance dans le projet européen et affaiblir la participation citoyenne lors des moments politiques clés.

Cibles et méthodes de la stratégie du Kremlin

La propagande russe se concentre particulièrement sur les électeurs russophones, les communautés prorusses, les habitants des villages et petites villes, les retraités et les catégories sociales vulnérables. Les messages portent sur la hausse des prix, les salaires insuffisants, le manque d’emplois ou le coût élevé des médicaments, orientant toujours vers la conclusion que « l’intégration européenne signifie pauvreté et guerre ». Dans le même temps, les jeunes urbains, la classe moyenne et la diaspora — généralement pro-européens — sont la cible de fausses informations sur un prétendu effondrement économique et une perte de souveraineté liés à l’adhésion à l’UE.

En réalité, l’expérience d’États d’Europe centrale et orientale démontre l’inverse : la Roumanie a doublé ses investissements étrangers après 2007, la Pologne est devenue un exportateur agricole majeur et la Bulgarie un hub énergétique. Entre 2023 et 2024, la Moldavie a déjà bénéficié de plus de 400 millions d’euros d’aide européenne, en grande partie non remboursable.

Fake news populaires et manipulation émotionnelle

Les thèses les plus répandues portent sur la confiscation des terres agricoles, la « perte des valeurs traditionnelles » ou une prétendue « occupation de l’OTAN ». Ces narratifs, largement diffusés via Telegram et d’autres canaux prorusses, reposent sur la peur et non sur des faits. L’Union européenne, au contraire, soutient la modernisation de l’agriculture, la diversité culturelle et la préservation de l’identité nationale. Aucune des démocraties membres n’a perdu sa souveraineté ni vu de troupes étrangères stationnées sans accord.

Objectif final: démobiliser l’électorat pro-européen

L’intention principale de ces campagnes n’est pas de convaincre, mais de décourager la participation électorale. Alors que les électeurs prorusses, bien que moins nombreux, sont mobilisés, les indécis ou déçus risquent de s’abstenir. Cette tactique a déjà montré son efficacité en Ukraine en 2019, en Géorgie en 2021 et lors du référendum moldave de 2024.

Les opérations sont coordonnées par des structures affiliées au Kremlin, telles que l’ANO « Dialog », la direction de la coopération transfrontalière de l’administration présidentielle russe ou encore le « Fonds Eurasia ». Le financement transite par des banques liées à la Transnistrie, notamment « Promsvyazbank » et « Agroprombank ». Les bénéficiaires incluent le bloc « Pobeda » d’Ilan Șor, le PSRM d’Igor Dodon et des réseaux influents en Gagaouzie. La « réseau Șor » demeure l’outil principal de mobilisation locale.

Une contre-stratégie nécessaire

En parallèle, une verticale médiatique prorusse s’organise via Telegram, TikTok, YouTube et la presse régionale. Les slogans — « l’UE, c’est la pauvreté », « Sandu a trahi l’Église », « Moldavie colonie de l’Occident » — dessinent un récit simpliste, opposant Moscou, présenté comme « garant de la paix », à Bruxelles accusé d’imposer ses conditions. Sous la bannière « contre Sandu », des partis divers coordonnent leurs actions pour discréditer le pouvoir en place.

Face à cette offensive, les analystes estiment que la déconstruction des narratifs russes doit dépasser la simple réaction ponctuelle et devenir une stratégie systématique. Dans cette perspective, chaque scrutin en Moldavie représente bien plus qu’un exercice démocratique : c’est un choix déterminant entre maintien du cap européen ou retour dans l’orbite de l’influence russe.

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