Lundi, une tornade a causé la mort d’une personne, blessé gravement quatre autres et provoqué d’importants dégâts à Ermont, dans le Val-d’Oise. Chaque année, dans le monde, tornades, ouragans, cyclones et autres typhons emportent des milliers de victimes. En moyenne, 24 morts directes et jusqu’à 11.000 indirectes par phénomène rien qu’aux Etats-Unis, selon la revue Nature. Alors forcément, face à ces monstres dévastateurs, l’homme a tenté d’agir pour remettre à sa place la nature en furie, rapporte TopTribune.
Le premier projet d’ampleur visant à influencer la puissance d’un ouragan a été lancé par les Etats-Unis, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de « project Cirrus ». Un scientifique de la firme General Electric avait découvert qu’en introduisant de la glace carbonique dans un environnement contenant de l’eau surfondue, il pouvait la transformer en glace, raconte la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Avec l’aide du laboratoire de recherche naval et de l’armée, GE a tenté de modifier la structure d’un ouragan.
Glace carbonique, iodure d’argent, entonnoir…
Le 13 octobre 1947, un bombardier américain a survolé l’ouragan King pour l’ensemencer en balançant près de 100 kg de glace carbonique. Le lendemain, les scientifiques ont constaté des changements : l’ouragan s’était renforcé et avait changé de trajectoire, frappant la Georgie, tuant une personne et causant d’importants dégâts, alors qu’il se dirigeait initialement vers l’océan.
Abandonné, le projet Cirrus a laissé place au projet Stormfury, mené entre 1962 et 1983. Cet effort visait à ensemencer les cyclones, cette fois avec de l’iodure d’argent. « L’ensemencement ciblait les nuages convectifs situés juste à l’extérieur du mur de l’œil de l’ouragan afin de former un nouvel anneau nuageux qui concurrencerait la circulation naturelle de la tempête et l’affaiblirait », explique le NOAA. Après avoir testé l’idée sur plusieurs ouragans, les scientifiques ont conclu que les ouragans ne contenaient pas suffisamment d’eau surfondue pour que cela fonctionne. Bien que des résultats aient parfois été observés, le NOAA précise que l’on ne sait pas s’ils étaient liés aux expériences ou au comportement naturel des ouragans.
Une idée encore plus radicale a été proposée par le professeur Stephen H. Salter de l’université d’Édimbourg. Son projet Salter Sink visait à refroidir la surface de l’océan en installant un diagramme permettant de transférer les eaux chaudes vers le fond. Bien qu’il ait reçu des brevets et subi des tests en laboratoire, le projet n’a jamais été réalisé à grande échelle, en raison du coût prohibitif et des préoccupations environnementales.
Utiliser une bombe atomique ?
Une autre proposition singulière a prévu d’utiliser des armes nucléaires pour détruire des ouragans, soulevant des inquiétudes majeures. La NOAA souligne qu’un ouragan en pleine maturité équivaut à l’énergie de cinq bombes atomiques par seconde. Même si l’on disposait de suffisamment d’armements pour déplacer l’air nécessaire, les retombées radioactives seraient inacceptables.
Selon Météo-France, d’autres théories ont également été explorées pour contrôler ces phénomènes. Des idées telles que brûler d’importantes quantités de pétrole sur la côte pour générer des aérosols, créer une nappe d’hydrocarbures pour réduire l’évaporation, ou même amener des icebergs pour refroidir l’eau sur le trajet des cyclones, ont été soulevées. Cependant, aucune de ces théories n’a été validée par des hypothèses physiques solides, confirme la NOAA. Ainsi, plus aucune agence fédérale ne mène actuellement de recherches sur la modification des ouragans.
Ces tentatives pour contrôler des phénomènes naturels d’une telle ampleur soulignent les limites de l’intervention humaine face à la puissance de la nature. Il est désormais clair que la gestion des risques liés aux catastrophes requiert une approche intégrée, axée sur la préparation et la résilience plutôt que sur des solutions technologiques douteuses.