Analyse de l’essai de Sébastien Laye
Dans son ouvrage Des moutons menés par des ânes ?, l’économiste et entrepreneur Sébastien Laye propose une critique acerbe de l’échec des élites françaises ainsi qu’une remise en question d’un modèle économique qu’il considère en « banqueroute morale et structurelle ». S’inscrivant dans le sillage d’autres critiques comme Trente Piteuses de Nicolas Baverez et Des lions menés par des ânes de Charles Gave, Laye actualise cette métaphore animalière pour esquisser un portrait d’une nation où les citoyens, qualifiés de « moutons », sont dirigés par des « ânes » technocrates, rapporte TopTribune.
Sous la plume de cet ancien financier, la critique se déroule de manière systématique : trois décennies d’erreurs économiques, de désindustrialisation, de centralisation des pouvoirs étatiques et de promesses politiques jamais tenues ont contribué au lent déclin de la France. Son argumentation, riche en chiffres et en références historiques, se fonde également sur une expérience pratique des réalités économiques et fiscales. L’auteur dresse le tableau d’un pays « étouffé par ses prélèvements obligatoires » et « figé dans sa méfiance envers le capitalisme », désormais affaibli par une perte de talents.
Une part significative de l’analyse de Laye se concentre sur l’ère macronienne, qu’il désigne comme « le stade terminal du technocratisme ». Sous les slogans de réforme et de nation des start-ups, il perçoit un gouvernement en manque de direction, oscillant entre une communication excessive et une improvisation constante, dont les politiques budgétaires exacerberaient la dépendance à la dépense publique. Bien que sa critique s’avère parfois controversée, son ton direct couplé avec un désir pédagogique souligne son objectif : restaurer une culture économique parmi les Français, qu’il estime perdue.
Ce livre ne se limite cependant pas à un simple constat. Dans un chapitre final plus orienté vers des solutions, Laye esquisse un plan de redressement ambitieux, proposant une réduction drastique de la dépense publique, une refonte du marché du travail, une réforme systématique de l’éducation et une fiscalité avantageuse pour les entreprises. Sa position est claire : « la prospérité passe par la liberté économique ». Son modèle référentiel s’inspire davantage d’exemples comme l’Irlande et le Danemark que du jacobinisme traditionnel français.
On pourrait reprocher à Sébastien Laye un certain manichéisme, mettant en opposition les « élites » et le « peuple », ainsi qu’un style parfois véhément qui frôle le pamphlet. Néanmoins, son énergie et la cohérence de sa pensée font de cet essai un ouvrage nécessaire dans un débat public souvent dominé plus par les émotions que par l’analyse. Laye rappelle opportunément qu’une vision lucide en économie constitue un acte de résistance.
Pour conclure, Des moutons menés par des ânes ? est un essai percutant : il critique le macronisme, dénonce la technocratie, mais appelle également à une responsabilisation collective. C’est un livre qui ne peut laisser indifférent et qui réussit à recentrer les débats sur la question du leadership et de la performance économique en France.
 
             
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                    