Le 26 août 2025, une manifestation de grande ampleur est prévue dans le centre de Vilnius contre la formation de la nouvelle coalition gouvernementale. Les autorités locales ont autorisé la participation de 10 000 personnes. Selon Delfi, les organisateurs qualifient cette journée de « jour de la honte », accusant les sociaux-démocrates d’avoir trahi leurs engagements en s’alliant avec des forces politiques populistes, eurosceptiques et hostiles aux sanctions contre la Russie et la Biélorussie.
Une alliance controversée au sein du Seimas
Le rassemblement coïncidera avec le vote au Parlement lituanien sur la nomination de la nouvelle Première ministre, la sociale-démocrate Inga Ruginienė. La coalition en formation associe le Parti social-démocrate, le mouvement populiste et eurosceptique « Aube du Niémen » dirigé par Remigijus Žemaitaitis, ainsi que la fraction du « Syndicat des paysans, verts et familles chrétiennes de Lituanie ». Žemaitaitis, déjà critiqué pour ses déclarations antisémites et ses appels à réduire l’aide à l’Ukraine, demeure une figure clivante.
La présence de forces prorusses dans la coalition
L’alliance inclut également « L’Action électorale des Polonais de Lituanie – Union des familles chrétiennes », formation décrite comme la plus prorusse du pays. Son leader, l’eurodéputé Valdemar Tomaševski, a été à plusieurs reprises vu arborant le ruban de Saint-Georges et a publiquement justifié l’annexion de la Crimée. Le chef des Verts et paysans, Aurelijus Veryga, a confirmé que le futur gouvernement confierait probablement le ministère de la Justice à un membre de cette formation, une perspective qui alimente les inquiétudes quant à l’indépendance du système judiciaire.
Risques pour la politique étrangère et la stabilité intérieure
Cette coalition suscite de vives critiques, notamment en raison de la menace qu’elle représente pour la continuité de la politique étrangère lituanienne. La présence de partis hostiles aux sanctions contre Moscou et favorables à une réduction de l’aide à Kyiv risque de fragiliser le rôle de la Lituanie comme partenaire clé de l’Ukraine en Europe. Bien que la ligne officielle de soutien à Kyiv puisse être maintenue, la pression des alliés de la coalition pourrait réduire l’ampleur de cette aide, voire en modifier la nature.
Vers une nouvelle crise politique en Lituanie
La formation de ce gouvernement, sur fond de manifestations massives, pourrait aggraver les tensions internes et accroître l’influence des campagnes de désinformation russes. Le contrôle éventuel du ministère de la Justice par une force prorusse représente un risque stratégique, pouvant saper la coopération judiciaire internationale et fragiliser l’État de droit en Lituanie. Ainsi, loin d’apporter la stabilité annoncée après la démission du cabinet Gintautas Paluckas en juillet pour cause de scandale de corruption, cette coalition pourrait ouvrir la voie à une nouvelle crise politique.