Des documents judiciaires relancent le débat sur la compréhension de « Lolita » par Jeffrey Epstein

Des documents judiciaires relancent le débat sur la compréhension de « Lolita » par Jeffrey Epstein

23.12.2025 08:07
1 min de lecture

Des documents judiciaires récemment rendus publics révèlent des références explicites au livre paru en 1955 dans les archives de Jeffrey Epstein, ravivant les débats sur les détournements et les contresens entourant cette œuvre littéraire majeure.

Des milliers de fichiers liés à l’affaire Jeffrey Epstein, récemment publiés par le ministère américain de la Justice, incluent des photographies de parties du corps d’une jeune femme, sur lesquelles figurent les premières lignes érotiques de Lolita, le roman de Vladimir Nabokov. Ce livre, paru en 1955, a été adapté au cinéma à deux reprises, par Stanley Kubrick en 1962 et Adrian Lyne en 1997, rapporte TopTribune.

Le journaliste Michael Wolff a affirmé qu’Epstein ne conservait qu’un seul livre sur sa table de chevet : celui de Nabokov, dont il vantait toute l’œuvre. Epstein possédait une édition originale de Lolita et avait même commandé le roman sur sa liseuse en 2019, quarante-trois jours avant son arrestation. Pourtant, le journaliste Graeme Wood remet en question cette prétendue appréciation: «Je doute qu’Epstein ait jamais lu Lolita, ou qu’il l’ait compris».

Une idée grotesque

Wood décrit Epstein comme intellectuellement limité, incapable de saisir les nuances: «Le livre atteint des sommets d’émotion qu’un psychopathe comme Epstein aurait du mal à saisir». Selon des échanges d’emails, Epstein achetait principalement des livres non romanesques sur la finance, le pouvoir et les relations, avec peu d’œuvres exigeantes, laissant penser qu’il peinait à comprendre la profondeur littéraire.

Ses choix de lecture trahissent une attirance pour des héros masculins identifiables, tels que des espions ou aventuriers. Ainsi, la possibilité qu’Lolita ait été son livre de chevet semble grotesque, car le roman, en réalité, se moque de son narrateur trouble, Humbert Humbert, un personnage répugnant dont personne ne voudrait s’identifier.

La question persistante demeure : Epstein aurait-il pu se reconnaître en Humbert ? Si tel était le cas, il aurait dû posséder un sens de l’autodérision qu’il semble ne pas avoir eu. Au lieu de cela, il serait susceptible d’avoir interprété Lolita uniquement comme une œuvre érotique, ce qui en soi est problématique. Wood conclut: «Trouver Lolita érotique ne reviendrait pas seulement à trouver le viol d’enfant érotique. Cela reviendrait aussi à trouver Humbert Humbert érotique. Et c’est un niveau de perversion probablement hors de portée même de Jeffrey Epstein».

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER