Décès de Giorgio Armani : Une icône de la mode laisse un héritage indélébile
Giorgio Armani, figure emblématique du monde de la mode, est décédé, laissant derrière lui un héritage marqué par un style minimaliste et sophistiqué, rapportent TopTribune.
« On l’appelait l’Empereur », déclare la créatrice Marie Saint Pierre lors d’une entrevue. « Armani, c’était un grand créateur qui a bâti un empire. Il avait lancé de nombreuses marques, cosmétiques, parfums, hôtels, et à chaque fois on y retrouvait la même philosophie et le même fil conducteur. Il excellait dans tout ce qu’il entreprenait, avec une esthétique minimaliste et intemporelle », ajoute-t-elle.
Marie Saint Pierre souligne l’influence d’Armani sur son propre travail, particulièrement son approche novatrice vis-à-vis du tailleur masculin. « Il a déconstruit le tailleur masculin en laissant les matières s’exprimer, en enlevant les doublures, en privilégiant le mouvement et la fluidité. Il était le roi de l’allure unisexe, c’était son image de marque. À ce niveau, on s’approche de la perfection », explique-t-elle. L’innovation d’Armani s’étend également à sa ligne de cosmétiques, où il a créé de nouveaux tons neutres et textures inédites sur le marché.
Pour Philippe Dubuc, designer inspiré par Armani, ce dernier représente une réussite inégalée. « Quelle élégance ! Il a été parmi les premiers à utiliser des matières réservées à la mode féminine comme le crêpe. En assouplissant et déconstruisant le costume pour homme, il a initié une révolution dans la mode masculine », affirme-t-il, évoquant les costumes amples des acteurs dans Miami Vice comme un exemple de l’avant-garde d’Armani.
Jean-Claude Poitras, ému par le départ du créateur italien, considère Armani comme une légende qui a influencé plusieurs générations. « C’est un homme de style qui a traversé les époques avec son approche épurée du masculin-féminin. Il connaissait les grands critères du bon goût et de l’élégance », confie Poitras, qui avait commencé sa carrière en tant qu’acheteur pour Eaton dans les années 70, où il a été le premier acheteur nord-américain à acquérir les collections d’Armani.
Eve Gravel, créatrice, déclare qu’Armani reste une référence en matière de style et d’élégance. « Son côté minimaliste et intemporel, je m’en inspire encore aujourd’hui. Un costume Armani acheté il y a 25 ans est toujours au goût du jour, ce qui est admirable. Son choix des matières et ses tailleurs ont fait de lui une véritable icône du style », ajoute-t-elle, saluant également son indépendance tout au long de sa carrière.
Stéphane Le Duc, enseignant à l’école supérieure de mode ESG UQAM, souligne la longévité et l’intégrité d’Armani dans l’industrie de la mode. « Il a régné sans compromis pendant près de 50 ans. Son raffinement, sa sobriété et son succès commercial ont perduré jusqu’à la fin. Armani a également dessiné des costumes pour des films, contribuant à sa renommée internationale », déclare-t-il.
« Son style, ses silhouettes et ses matières luxueuses étaient immédiatement reconnaissables. Il a réinventé le costume masculin dans des films comme American Gigolo, tout en développant le concept du power suit pour les femmes d’affaires, séduisant particulièrement le public américain », précise Le Duc, se remémorant les nombreuses stars arborant des tenues Armani sur les tapis rouges.
Armani a récemment exprimé la nécessité de repenser l’industrie de la mode face au gaspillage. « Il plaidait pour une consommation plus responsable, affirmant qu’il était insensé de vendre des manteaux d’hiver en juillet. Produire en plus petites quantités et conserver les collections plus longtemps étaient des éléments essentiels de sa vision », conclut Stéphane Le Duc, reflétant la modernité de la pensée d’Armani.
