Des bombes sur nos routes: des chauffeurs de camion mal formés et sous-payés font peur au Québec
Des bombes sur nos routes: des chauffeurs de camion mal formés et sous-payés font peur au Québec

Des bombes sur nos routes: des chauffeurs de camion mal formés et sous-payés font peur au Québec

22.03.2025
2 min de lecture

Des milliers de «camionneurs au rabais», dont plusieurs sont originaires d’Asie du Sud-Est, sillonnent nos routes au volant de poids lourds. Souvent mal payés, peu formés et au volant de camions laissant parfois à désirer, ils posent un risque pour la sécurité routière, dénoncent des responsables de l’industrie.

Les Québécois croisent chaque jour sur nos routes de véritables bombes ambulantes. Ces chauffeurs au rabais sont souvent des immigrants mal formés, sous-payés, forcés de travailler dans des conditions difficiles au volant de camions en mauvais état.

«Le monde a peur. Les gens ont peur de dire la vérité», dénonce Christian Forcier, président de TCF Express, à Pierreville, qui a lui-même perdu de ses chauffeurs dans une violente collision.

«Notre sécurité est en jeu. C’est une main-d’œuvre prise en otage par un système», alerte Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec (ACQ) qui estime qu’entre 8000 et 10 000 de ces camionneurs foulent nos routes.

L’enquête menée par l’émission J.E et Le Journal lève le voile sur le phénomène inquiétant des chauffeurs au rabais, mieux connu sous le nom de chauffeurs inc au fil des nombreux témoignages recueillis..

«Est-ce que ce sont des bombes sur la route? Force est d’admettre qu’il y en a», s’inquiète le vice-président de Transwest, Pascal Gaudet.

Depuis le 20 décembre dernier, il y a eu plus de 142 incidents ou collision concernant les chauffeurs au rabais qui ont nécessité l’intervention d’une dépanneuse poids lourd, selon l’Association des Professionnels du Dépannage du Québec (APDQ).

À VOIR à l’émission J.E vendredi soir 20h et dimanche 22h30 à TVA, en rediffusion samedi et dimanche 13h et 19h sur LCN.

À LIRE vendredi dans Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec.

«J’ai fait appel à “eux” trois fois. Ça a été chaque fois une histoire d’horreur», soupire Christian Forcier qui dit s’être fait passer des papiers d’assurance expirés l’an passé.

Les chauffeurs inc.

«Eux», ce sont les chauffeurs au rabais, que l’on appelle les chauffeurs inc. ou simplement les inc. dans l’industrie du camionnage.

Les patrons des grandes entreprises de transport en veulent aux inc.

Ils disent que ces chauffeurs inc. sont en réalité des camionneurs indépendants qui ne possèdent pas de camion et qui s’incorporent seulement pour payer moins d’impôts.

Même si la pratique «n’est pas illégale», selon Revenu Québec, de grands noms du transport exigent une enquête publique sur ces camionneurs payés deux fois moins cher, qui viennent saigner leurs chiffres d’affaires (voir autre texte).

«Couper sur l’entretien»

Lors de notre passage au poste de Saint-Nicolas de Contrôle routier Québec (CRQ), un camionneur ontarien a été intercepté parce qu’il roulait avec des feux défectueux depuis 14 jours. Le propriétaire a eu une amende de 1000$ et le chauffeur de 500$.

D’après Jonathan Beauvais, porte-parole de CRQ, la pression grandissante des livraisons rapides pousse les transporteurs à couper les coins ronds.

Des rondes de vérification récentes ont révélé que les infractions concernant les heures de conduite étaient trois fois plus importantes (110) que les problèmes de permis de conduire (33).

«Certains transporteurs vont couper sur l’entretien mécanique pour faire des profits», observe M Beauvais, qui parle au nom des 330 contrôleurs québécois.

«Les véhicules lourds qui veulent être illégaux ont même des applications maintenant pour éviter les postes de contrôle», dénonce de son côté Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ).

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