Des bénévoles surveillent un troupeau de moutons dans les Baronnies, en réponse à la présence croissante des loups dans la région. Sophie et Geoffroy, armés de bâtons, inspectent les filets d’un parc pour « marquer leur présence » et « empêcher le loup de rentrer », rapporte TopTribune.
Cette mission quotidienne est essentielle pour protéger le troupeau de Nathalie Welker, éleveuse confrontée à des attaques répétées sur ses brebis et chèvres dans la Drôme provençale. « Le loup est là, il faut faire avec, donc trouver des parades », déclare-t-elle, soulignant la pression supplémentaire que crée la présence du prédateur sur son métier.
« La meilleure prévention, c’est la présence humaine »
Nathalie, qui vit avec le loup depuis presque 20 ans, insiste sur l’importance de la présence humaine pour prévenir les attaques. Sans moyens pour engager un berger, elle s’est associée à Pastoraloup, un système soutenu par l’association Ferus qui envoie des bénévoles formés pour aider les éleveurs.
« Dormir la nuit et être moins stressée »
Ce soutien permet à Nathalie de « dormir la nuit et d’être beaucoup moins stressée ». En 2023, 35 éleveurs participent à ce programme, en hausse par rapport à une vingtaine l’année précédente. Sophie Morice-Couteau et Geoffroy Galliot font partie des 63 bénévoles formés l’été dernier.
Sophie, qui se dit solidaire des éleveurs comme du loup, souhaite contribuer à la cohabitation entre les deux. « Je suis là pour mettre les mains dans le tas », précise-t-elle, cherchant à changer l’image parfois stigmatisante des écologistes.
La peur des « grosses attaques »
Malgré cette paix apparente, la menace des loups reste palpable. Les excréments de loup trouvés près du troupeau et les vidéos de canidés explorant les environs sont source d’inquiétude pour Nathalie. Elle redoute particulièrement les « grosses attaques » à l’automne, lorsque les jeunes louveteaux apprennent à chasser. En octobre 2023, elle a perdu 17 animaux suite à une attaque, après le départ inattendu d’une bénévole qui avait laissé le troupeau sans surveillance.
« C’est la nuit qu’on comprend son rôle »
Les bénévoles réalisent la gravité de leur rôle et la nécessité de leur présence. Au coucher du soleil, Sophie et Geoffroy comptent les animaux et les rentrent dans un enclos sécurisé. « C’est la nuit qu’on comprend son rôle », affirme Sophie, consciente que les loups ne respectent pas les horaires.
La pression sociale pour les éleveurs
Passionnée par son engagement, Sophie comprend les difficultés auxquelles sont confrontés les éleveurs, souvent stigmatisés s’ils sollicitent de l’aide. Cette « très forte pression sociale » dissuade certains de profiter de l’assistance offerte par Pastoraloup, qui est vue comme un programme écologiste. « On n’est pas là pour débattre, mais pour aider », insiste-t-elle.
Tandis que les moutons et les chèvres attendent patiemment leur relâchement au petit matin, d’autres bénévoles viendront bientôt en renfort jusqu’à fin octobre. Sophie et Geoffroy partiront ensuite aider un autre éleveur dans le Mercantour.
Récemment, l’Union européenne a assoupli la protection du loup, le reclassifiant de « strictement protégé » à « protégé », favorisant ainsi les abattages. Pour 2025, l’État prévoit d’autoriser l’abattage de 192 loups parmi les 1.013 recensés en France.