Une expérimentation innovante a été lancée au printemps dernier en Haute-Savoie dans le but de réconcilier les partisans et les opposants du loup. Le projet consiste à utiliser des balles en caoutchouc pour effrayer les loups et les dissuader d’approcher les troupeaux, sans les tuer. Inspirée d’une méthode déjà en œuvre en Italie, cette initiative se déroule dans la réserve naturelle de Passy et celle des Aiguilles Rouges, rapporte TopTribune.
Lors de l’été 2021, des tirs de projectiles en caoutchouc sur un loup équipé d’un collier GPS ont permis de détourner cet animal vers des proies sauvages. L’éthologue suisse, Jean-Marc Landry, souligne que « l’idée est de dire qu’un loup mort n’apprend pas ». Ainsi, cette méthode cherche à modifier le comportement des loups sans avoir recours à des solutions létales.
Éduquer les loups avec un traumatisme
Cette méthode pourrait amener les loups à éviter les troupeaux, s’ils associent leur approche à une expérience traumatisante. Cela s’inscrit dans le cadre de l’apprentissage par association et l’apprentissage social, comme le précise l’expert. Pour ce faire, deux loups d’une même meute ont été capturés et équipés de colliers GPS avant d’être relâchés dans la nature.
Les chercheurs sont ainsi en mesure de suivre leurs déplacements, d’identifier leurs proies et d’analyser leur zone d’activité. Au cours des 35 nuits de surveillance effectuées cet été, deux situations ont nécessité des tirs de balles en caoutchouc, sans qu’aucun loup ne soit touché. L’expérimentation se poursuivra avec la capture de nouveaux canidés, dans le but d’affiner ce processus d’éducation.
L’utilisation de balles en caoutchouc pour lutter contre les attaques de loups sur les troupeaux pourrait représenter une avancée majeure. D’une part, cela réduirait le conflit entre éleveurs et prédateurs et, d’autre part, cela préserverait la biodiversité en maintenant les populations de loups dans leur habitat naturel. Cette démarche témoigne d’une prise de conscience croissante des enjeux écologiques et de la nécessité de trouver des solutions durables et respectueuses de la nature.
Les retombées de cette expérimentation sont suivies de près par les autorités locales et les organisations de protection de la faune, qui espèrent que cette approche pourra être étendue à d’autres régions où les loups sont présents. Le succès de cette méthode dépendra néanmoins de la capacité des loups à apprendre de ce nouvel environnement de manière durable.
Les récents débats sur la préservation des écosystèmes et la coexistence des espèces soulèvent des questions éthiques et pratiques quant au rôle des humains dans la gestion des prédateurs. Cette expérience en Haute-Savoie pourrait ainsi servir de modèle pour d’autres pays confrontés à des problèmes similaires, ouvrant la voie à un nouvel équilibre entre les intérêts humains et la conservation des espèces sauvages.
Malgré les défis associés à la gestion des populations de loups, la tendance actuelle montre un intérêt croissant pour des solutions basées sur la coexistence pacifique plutôt que sur l’élimination. Cette initiative pourrait également inspirer d’autres recherches et projets d’expérimentation, visant à promouvoir des interactions plus harmonieuses entre l’homme et la faune dans les zones rurales.