Dans certaines entreprises, dont Gexpertise, à Sèvres (Hauts-de-Seine), tout est presque à l’arrêt depuis la dissolution, en juin dernier. Patrons et salariés espèrent un retour à la normale avec le discours de politique générale de François Bayrou mardi.
François Bayrou doit prononcer son discours de politique générale mardi 14 janvier devant l’Assemblée nationale, et donc annoncer la couleur de sa future politique. Alors que le budget n’a toujours pas été voté, que le débat sur la réforme des retraites est à nouveau sur la table, les députés et les Français attendent des annonces.
Parmi ceux qui ont aussi beaucoup d’espoir, il y a les entreprises. Comme Gexpertise, installée à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, spécialisée dans la topographie et dans la construction immobilière. Ici, tout est quasiment à l’arrêt depuis la dissolution, en juin dernier.
Une baisse du carnet de commandes
À commencer par les embauches. L’entreprise compte aujourd’hui 180 salariés, un effectif réduit de 10% regrette Éric Malenfer, président de Gexpertise. « Notre régime de croisière est plus entre 200 et 220, mais depuis un an, on n’a pas reconduit certains contrats, par exemple des contrats d’alternance qui arrivent à terme ou des postes que nous voulions créer, parce qu’il y a des renouvellements. Mais on s’est dit qu’on allait attendre. »
La faute, notamment, à la baisse du carnet de commandes. Gexpertise répond aux demandes d’entrepreneurs immobiliers, de bailleurs, qui veulent construire, puis vendre. Sauf que depuis la dissolution, « on a pu constater que quand ils commandent nos prestations, c’est toujours au dernier moment », explique Éric Malenfer. L’instabilité politique a refroidi les promoteurs, selon le chef d’entreprise.
« Quand ils prévoient de vendre un immeuble, ils imaginent une certaine fiscalité. Mais là, on ne sait plus, ce n’est pas voté. »Éric Malenfer
PDG du groupe Gexpertise
Dans le milieu immobilier, il faut de la stabilité, « minimum deux ans » estime Éric Malenfer, sauf que « là, on a des visibilités qui sont à quinze jours, un mois ».
Résultat : moins 12 % de commandes en 2024 par rapport aux objectifs prévus chez Gexpertise. Il a fallu faire des choix pour économiser, comme baisser les marges ou ne pas renouveler du matériel, que ce soit des « scanners » ou « la flotte automobile ».
Il faut « redonner un cap »
Et évidemment, ça n’a pas échappé aux employés. « C’est surtout quand on regarde notre planning, nos cases sont blanches », confie Marc, technicien géomètre depuis quatre ans. « Moi, ce que je veux, c’est d’avoir ma paye à la fin du mois, mais s’il n’y a pas de clients, comment je vais être payé derrière ? » Éric Malenfer assure qu’il n’a fait aucune coupe dans les salaires, mais les salariés reconnaissent s’être posés ces questions pendant l’année écoulée.
Alors les attentes pour le discours de politique générale de François Bayrou sont assez claires. Pour Corentin, employé chez Gexpertise depuis un an et demi. « Il faut redonner un cap. On ne sait pas dans quelle direction ça va. Qu’on soit d’accord ou pas, il faut donner une direction, il faut que ça avance », espère-t-il.
Même envie du côté de la direction : il faut voter un budget au plus vite, ce qui permettrait de relancer les commandes. Éric Malenfer se réjouit quand même du renouvellement de Valérie Létard au Logement. Une ministre qui s’y connaît et qui va pouvoir continuer sa politique, espère le président de Gexpertise.