Alors qu’Israël intensifie ses attaques contre les installations militaires iraniennes, la question de l’éventuel effondrement du régime iranien suscite des débats parmi les analystes. Bien que certains segments de la population expriment leur rejet envers le pouvoir en place, la structure du régime demeure solide, rapporte TopTribune.
Suite aux frappes israéliennes visant des sites militaires en Iran, une interrogation se pose : le régime des mollahs est-il en train de fléchir sous la pression ? À ce jour, la République islamique affiche des signes de résilience, malgré une stratégie israélienne de plus en plus audacieuse.
Denis Bauchard, conseiller spécial à l’Institut français des relations internationales, souligne qu’aucune frappe n’a encore touché les figures centrales du pouvoir, telles que le président ou le Guide suprême. Il note cependant qu’Israël élargit ses cibles pour inclure non seulement des installations nucléaires, mais aussi des sites militaires sensibles et des infrastructures pétrolières, laissant entrevoir une escalade potentielle des hostilités.
Peur et scènes de fuite
Malgré ces tensions, l’État iranien conserve une structure robuste. « L’Iran possède une administration bien établie et un appareil de sécurité efficace. Les Gardiens de la Révolution, comptant 125 000 hommes, ont pour mission de protéger le régime, soutenus par les Basij, un réseau paramilitaire, ainsi que par une hiérarchie religieuse omniprésente », précise Bauchard. Actuellement, l’appareil d’État semble maintenir le cap.
À Téhéran, les récentes attaques israéliennes ont engendré une atmosphère de panique et de confusion, avec des scènes de fuite parmi la population. Malgré la peur ambiante, un soulèvement populaire ne semble pas imminente. « Nous ne détectons pas de mobilisation significative contre le pouvoir, bien que des critiques énoncées dans des médias occidentaux commencent à faire surface », ajoute l’expert.
Du côté de l’opposition, la tâche reste ardue. Elle est extrêmement fragmentée à l’extérieur, entre monarchistes, moudjahidines du peuple et républicains, et se fait rare à l’intérieur, à l’exception de quelques foyers d’opposition au sein des minorités kurdes. Le régime pourrait effectivement tirer profit de cette situation : « Nettoyer le paysage d’opposition est plus aisé lorsque les frappes israéliennes sont perçues comme une atteinte à la souveraineté », analyse Denis Bauchard.
« Sursaut », chute du régime ou… chaos
Une question demeure : le régime saura-t-il canaliser le mécontentement interne en l’orientant contre un ennemi extérieur ? C’est incertain. Une part significative de la population, notamment les femmes, les jeunes et les étudiants, manifeste un rejet du régime. Toutefois, les zones conservatrices et rurales continuent de le soutenir, tempère Bauchard. Par ailleurs, ceux qui détiennent le pouvoir économique restent à la tête.
À court terme, trois scénarios se dessinent selon Denis Bauchard : « Le premier, qui serait favorable au régime, évoque un sursaut nationaliste. Le second, moins probable, serait un effondrement du régime. Le troisième, plus plausible, serait celui d’un chaos intérieur, marqué par des désordres et des conflits internes, sans qu’il y ait un renversement clair du pouvoir. Il ne faut pas oublier que les forces loyales au régime sont bien armées et, en cas d’effondrement, elles ne céderaient pas sans combattre. »