Produits de luxe imités, baskets « dupes » écoulées sur TikTok, cosmétiques falsifiés… Les contrefaçons envahissent les marchés ainsi que les réseaux sociaux. Cet été, les marques mettent en garde les consommateurs contre les dangers sanitairs et criminels liés à ces pratiques, un phénomène qui touche le monde entier, rapporte TopTribune.
Un sac de luxe affiché à 30 euros sur une plage ou un parfum à 5 euros sur Instagram : ces offres incroyablement attractives cachent une menace pour la santé publique et représentent une aubaine pour le crime organisé. « Les méthodes utilisées par les faussaires ont évolué », constate Régis Messali, directeur général adjoint de l’Union des fabricants (Unifab). « Nous assistons aujourd’hui à l’émergence d’unités de production plus proches de l’Europe. Les composants sont acheminés dans des colis séparés, puis assemblés sur place. » Cette stratégie complique la détection des contrefaçons et rend difficile la coopération internationale des services douaniers.
Les contrefaçons touchent désormais de multiples secteurs : jouets, pièces automobiles, cosmétiques, mais également médicaments et high-tech. « Ce marché criminel a compris que les consommateurs recherchent des prix bas et exploite la crise du pouvoir d’achat », note un représentant des marques. Les faux produits circulent à travers des réseaux logistiques élaborés et tirent parti du commerce en ligne pour atteindre un large public.
Les « dupes », un nouveau visage de la contrefaçon
La tendance des « dupes » illustre cette transformation. « Avec l’idée que le terme contrefaçon est associé à l’illégalité, de nouveaux mots émergent : dupe, clone, générique », explique Régis Messali. Ce nouveau vocabulaire désamorce la perception négative entourant les contrefaçons, séduisant particulièrement les jeunes consommateurs.
Un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Unifab révèle que deux tiers des jeunes âgés de 15 à 34 ans ont déjà acquis une « dupe ». « L’attrait pour les bonnes affaires reste un moteur puissant pour la vente de ces faux produits », observe le directeur adjoint. Cette banalisation alimente un marché qui génère des milliards et échappe en grande partie à la fiscalité des États.
Dangers méconnus
Cela dit, la promesse de payer moins cher s’accompagne de risques considérables. « Pour 10 % du prix, on obtiendra généralement 10 % du produit », rappelle Régis Messali. Des parfums contrefaits contenant de l’urine animale, des chaussures fabriquées avec des colles toxiques, des médicaments dénués de principe actif : « On trouve tout et n’importe quoi à l’intérieur de ces contrefaçons, qui ne sont jamais testées et ne respectent jamais les normes », prévient-il.
De plus, ces faux produits engendrent un coût écologique non négligeable. « Les faussaires n’ont aucune obligation environnementale. Ils provoquent une pollution massive dans les zones de production et utilisent des matières premières bon marché, souvent interdites en Europe ».
Un cadre légal sous-exploité
En France, des sanctions sévères sont prévues : « Un consommateur trouvé en possession d’un produit contrefait risque la confiscation ainsi qu’une amende équivalente à deux fois la valeur de l’authentique », expose Régis Messali. Malheureusement, ces sanctions restent rarement appliquées.
Pour y remédier, l’Unifab plaide pour l’instauration d’une amende forfaitaire applicable immédiatement par les forces de police, la gendarmerie ou les douanes. « Pour être efficace, il est nécessaire que chaque autorité puisse imposer des amendes sans avoir à passer par un long processus judiciaire », insiste-t-il.
Une campagne de sensibilisation sur le terrain
Cette saison estivale, l’Unifab déploie une vaste campagne de sensibilisation sur les plages et marchés du sud de la France, de Cannes à Biarritz. « C’est ici que nous atteignons le plus grand nombre de vacanciers et de locaux », souligne Régis Messali. L’initiative se décline également sur les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram, Facebook et Google, à travers des flyers, affiches et vidéos qui alertent sur les risques sanitaires et financiers associés aux contrefaçons.
« Une affaire trop belle pour être vraie soulève souvent des soupçons », résume Régis Messali. Se méfier des prix trop bas, vérifier le point de vente et consulter les avis en ligne sont des réflexes essentiels. En France, 34 % des consommateurs ont déjà acheté une contrefaçon en croyant acquérir un produit authentique, un chiffre qui monte à 37 % chez les 15-18 ans. « Le résultat est double : on dépense presque le prix d’un article authentique tout en se retrouvant avec un faux », conclut-il.