Le 3 octobre 2025, la Direction du renseignement militaire du Danemark a mis en garde contre un risque élevé de sabotage visant ses forces armées, soulignant que la Russie mène actuellement une guerre hybride contre le pays et l’Occident. Lors d’une conférence de presse, Thomas Arenkiel, chef du renseignement militaire danois, a déclaré que Moscou cherche à exercer une pression militaire sans franchir la ligne d’un conflit armé classique.
État des menaces et réactions officielles
Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, a précisé qu’aucune menace militaire directe ne pesait actuellement sur le Danemark, mais il a anticipé de nouvelles formes d’attaques hybrides, notamment des cyberattaques. Depuis septembre 2025, plusieurs incidents liés à des drones inconnus ont conduit à la fermeture temporaire d’aéroports danois, incidents similaires ayant été signalés en France, Norvège, Allemagne et Suède.
Lors d’une intervention au Club de discussion international Valdaï, Vladimir Poutine a ironisé sur ces incidents, affirmant qu’il ne lancerait plus de drones « ni vers la France ni vers Copenhague », tout en insinuant que ces événements pourraient être l’œuvre de simples « plaisantins ».
Stratégie russe et implications pour l’OTAN
Selon les analystes danois, la tactique russe consiste à brouiller la frontière entre agression militaire et incident isolé, créant des incertitudes sur l’application de l’article 5 du traité de Washington sur la défense collective. Cette approche vise à fragiliser la cohésion de l’Alliance atlantique et à susciter des divergences internes sur la réponse appropriée.
Le Danemark, qui consacre 2,9 % de son PIB à l’aide militaire à l’Ukraine, est perçu comme une cible stratégique visant à réduire ce soutien. Les responsables soulignent la nécessité de renforcer la protection des infrastructures critiques, incluant bases militaires, aéroports et installations énergétiques, et de développer des systèmes anti-drones ainsi que des protocoles renforcés de cybersécurité.
Coordination européenne et défis de la défense
Face à la menace transfrontalière, la coopération entre États membres de l’UE et de l’OTAN apparaît essentielle. Le partage de renseignements et l’élaboration de protocoles communs sont considérés comme prioritaires pour répondre efficacement à ce type d’attaques. Les experts insistent sur la nécessité pour l’Alliance de définir clairement ce qui constitue un « acte armé » en contexte hybride, notamment pour encadrer les cyberattaques et les sabotages sans pertes humaines directes.
Une initiative de « mur anti-drones » pourrait être intégrée dans la défense aérienne de l’OTAN, mais elle requiert un consensus sur le financement et le respect de la souveraineté nationale au sein de l’UE. Sans une telle unité, l’Alliance risque de montrer ses limites face aux stratégies hybrides russes.
Perspectives et enjeux géopolitiques
La situation danoise illustre une évolution stratégique où la guerre hybride devient un outil central de la Russie, visant à affaiblir la solidarité occidentale et à tester les définitions juridiques de la défense collective. La réponse de l’Europe et de l’OTAN pourrait façonner les règles de l’engagement militaire au XXIe siècle et déterminer la robustesse de la sécurité transatlantique.