"Culpabilisation" des consommateurs de drogue : "Enfin on s'attache à lutter contre cette phase de la narco-économie", salue un spécialiste de l'économie du crime
"Culpabilisation" des consommateurs de drogue : "Enfin on s'attache à lutter contre cette phase de la narco-économie", salue un spécialiste de l'économie du crime

« Culpabilisation » des consommateurs de drogue : « Enfin on s’attache à lutter contre cette phase de la narco-économie », salue un spécialiste de l’économie du crime

07.02.2025 15:16
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Après la sensibilisation, la culpabilisation. Bruno Retailleau lance une campagne, à partir de dimanche, qui met en cause les consommateurs de drogues. « On va dans le bon sens », commente le spécialiste Bertrand Monnet qui insiste sur une « compréhension économique » du problème.

« Enfin, après s’être attelé à lutter contre le transport et la vente de cette drogue, l’État s’attache à essayer de lutter contre une troisième phase de cette narco-économie, qui est la consommation. Et ça, c’est très important », estime Bertrand Monnet en réponse à l’annonce du lancement par le gouvernement d’une campagne choc, jeudi 6 février, visant les consommateurs de drogue, notamment de cocaïne. Dans cette campagne, « le terme de culpabilisation peut choquer, mais pour autant on va quand même dans le bon sens », affirme le professeur à l’EDHEC (École des hautes études commerciales), spécialiste de l’économie du crime, et auteur de la série « Narcobusiness » pour le quotidien Le Monde.

« Comprendre la globalité de cette économie »

Certes la campagne fait l’impasse sur la dangerosité de ces produits illicites sur la santé. « Pour les clients qui consomment du cannabis en grande quantité, il y a des effets psychiatriques qui sont tout à fait documentés », rappelle Bertrand Monnet. Mais avec ce clip ministériel qui vise uniquement les consommateurs, selon le spécialiste, « enfin on comprend la globalité de cette économie ».

Après le transport et la vente, le clip montre donc la phase de la consommation qui fait tout aussi partie de l’économie du narcotrafic. Et pour être encore plus efficace contre le phénomène, Bertrand Monnet appelle à rester dans cette « logique économique » et à s’attaquer ensuite à la « quatrième phase de ce narcobusiness : le blanchiment d’argent ».

« Les narcos gagnent des milliards d’euros en cash et ils doivent les transformer en argent placé sur des comptes en banque et ensuite investi dans l’économie légale, dans des boîtes, des commerces ou l’immobilier. »Bertrand Monnet, professeur à l’EDHEC et spécialiste de l’économie du crime

à franceinfo

« Toutes les techniques de blanchiment d’argent sont connues et des mesures ont été avancées, mais si vraiment l’État veut aller au-delà de la com’, il va falloir les mettre en œuvre », insiste Bertrand Monnet. En plus de la loi adoptée au Sénat cette semaine – qui englobe la création d’un parquet dédié ou un renforcement des techniques d’enquêtes, il faut investir dans la lutte contre le blanchiment, selon le spécialiste. « Ça, ça va nécessiter des choix budgétaires très importants, assure-t-il. Il va falloir recruter des gens, les former et les affecter durablement à des fonctions antiblanchiment. »

Selon le spécialiste, il faut également renforcer les « partenariats public/privé ». Si l’État lutte déjà aux côtés des banques, il doit aussi s’associer à « des experts-comptables, des agents immobiliers, plein de professions comme ça, qui sont utilisées par les narcotrafiquants pour transformer le cash de la vente, qu’on voit dans le clip, en argent bien propre qui cancérise notre économie légale ».

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