Coupes, hausse du budget de l'armée, baisse des impôts... Ce que contient le mégaprojet budgétaire de Donald Trump que la Chambre des représentants vient d'adopter
Coupes, hausse du budget de l'armée, baisse des impôts... Ce que contient le mégaprojet budgétaire de Donald Trump que la Chambre des représentants vient d'adopter

Coupes, hausse du budget de l’armée, baisse des impôts… Ce que contient le mégaprojet budgétaire de Donald Trump que la Chambre des représentants vient d’adopter

22.05.2025
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Cette « grande et belle loi » prévoit notamment des coupes drastiques dans les programmes de santé. Elle va maintenant être examinée par le Sénat, où elle pourrait être modifiée.

« L’échec [n’était] pas une option » avait prévenu le chef de la chambre basse du Congrès américain, Mike Johnson. La chambre des représentants a adopté jeudi 22 mai le mégaprojet de loi budgétaire voulu par Donald Trump, malgré les différends qui agitaient la majorité républicaine. Le vote a été particulièrement serré avec 215 « oui » contre 214 « non ». Le texte, qualifié de « grande et belle loi » par le président américain, doit lui permettre de concrétiser certaines promesses phares de sa campagne. « C’est sans doute le texte législatif le plus important qui sera signé dans l’histoire de notre pays », a-t-il assuré sur sa plateforme Truth Social, quelques minutes après le vote.

Le projet de loi vise à « réduire les taxes, en donnant les plus grandes économies aux plus riches, ainsi qu’à diriger davantage d’argent vers l’armée et le contrôle de l’immigration », résume le New York Times. En contrepartie, les budgets de « la santé, l’alimentation, l’éducation et l’énergie propre » seront sévèrement rabotés, ajoute le journal.

Défense et sécurité en priorité

Le premier objectif de la loi est d’étendre la durée d’application des gigantesques crédits d’impôt du premier mandat de Donald Trump. Ceux-ci devaient arriver à expiration à la fin de l’année. Selon différents analystes indépendants, les prolonger pourrait accroître le déficit de l’Etat fédéral de 2 000 milliards à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Le texte prévoit aussi une augmentation de 13% du budget de la défense et de 65% de celui de la sécurité intérieure.

D’autres mesures coûteuses sont prévues, notamment la suppression de l’imposition sur les pourboires. Il s’agissait d’une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu. La loi prévoit également un nouveau « compte pour la croissance et l’avancement », qui verrait le gouvernement fédéral verser un crédit unique de 1 000 dollars sur un compte pour les enfants nés entre 2025 et 2028, rapporte CNN. L’argent serait investi en Bourse.

Des concessions obtenues dans la nuit

Pour financer ces mesures, la loi prévoit des coupes drastiques dans d’autres budgets du gouvernement fédéral, ce qui a provoqué des débats jusque tard dans la nuit. Avec une majorité de seulement sept sièges à la Chambre des représentants, les Républicains ne pouvaient pas se permettre trop de « non ». Une partie des élus conservateurs craignent d’être sanctionnés par les électeurs en cas de coupe dans les programmes sociaux, à un an et demi des élections de mi-mandat.

Les élus ultraconservateurs, partisans d’une réduction de la dette publique et qui s’étranglaient devant les dépenses engendrées par la loi, menaçaient de ne pas voter le projet. Après avoir obtenu quelques concessions, ils se sont rangés en grande majorité derrière le texte. Donald Trump s’était personnellement investi pour les convaincre, se rendant au Capitole pour les rencontrer et lançant au passage une pique envers les « une ou deux personnes qui cherchent à se faire remarquer »

Medicaid et les énergies renouvelables sacrifiés

Les réductions budgétaires les plus importantes toucheront finalement Medicaid, l’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes. Selon l’analyse du CBO, une agence parlementaire non partisane, les coupes prévues dans ce programme public menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d’ici à 2034. Pour en bénéficier, à partir de fin 2026, les personnes sans enfants devront travailler au moins 80 heures par mois, rapporte Politico. La loi prévoit aussi de réduire le financement distribué aux Etats qui offrent une couverture santé aux personnes sans papiers. Les Républicains se sont aussi assurés que Medicaid ne pourrait plus financer le Planning familial tant que celui-ci finance des avortements, ou les transitions de genre pour les adultes et les mineurs. Le plus grand programme public d’aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché.

La loi prévoit également de couper largement les crédits d’impôts mis en place par l' »Inflation Reduction Act » de Joe Biden en 2022 et qui visait à favoriser le développement des énergies renouvelables. Le programme a permis, jusqu’à présent, 841 milliards de dollars d’investissement, selon les calculs du New York Times. Pour en bénéficier, la construction des projets devra désormais démarrer au plus tard 60 jours après la promulgation de la loi et entrer en service d’ici à la fin 2028. Les élus républicains ont cependant conservé certaines dispositions en faveur de l’industrie nucléaire. Les crédits d’impôts sur les voitures électriques et l’installation de panneaux solaires destinés aux particuliers vont, eux aussi, être supprimés.

De nombreuses autres coupes budgétaires sont prévues, allant de la façon dont les universités sont taxées au système de retraite des fonctionnaires américains et aux prêts accordés aux étudiants. Si le mégaprojet de loi a survécu à l’obstacle de la Chambre des représentants, il doit encore franchir celui du Sénat. Or, les sénateurs républicains ont déjà signalé leur volonté de remanier le texte de fond en comble, avec le risque de voir le programme législatif de Donald Trump retardé de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois.

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