Depuis le début du mois de septembre, une affaire médiatique et politique s’est intensifiée autour des journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, accusés par des responsables politiques et des médias d’avoir des liens avec le Parti socialiste, ainsi que d’hostilité envers la ministre de la Culture, Rachida Dati. Cette controverse a été alimentée par la diffusion de vidéos montrant une conversation non consentie entre les journalistes et des figure du PS. Les éditeurs ont dénoncé des vidéos « tronquées », tandis que les présidents de France Télévisions et Radio France ont été interrogés par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, rapporte TopTribune.
1 Une vidéo controversée révélée par « L’Incorrect »
La controverse a été initiée par une vidéo diffusée sur X le 5 septembre par une journaliste du média conservateur L’Incorrect. Dans cette vidéo de 33 secondes, Thomas Legrand et Patrick Cohen ont été filmés à leur insu lors d’un repas à Paris, discutant avec Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, et Luc Broussy, président du conseil national du PS. Leur conversation sur la candidature de Rachida Dati à la mairie de Paris a notamment retenu l’attention, Thomas Legrand y déclarant : « nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi ».
Une seconde vidéo, d’un peu plus d’une minute, montre de plus les journalistes discutant de la stratégie de la gauche pour l’élection présidentielle de 2027, tandis qu’une troisième concerne le traitement médiatique des enjeux environnementaux.
2 Accusations de collusion politique
Les réactions politiques ont afflué, certains utilisant les termes de « complot » et de « collusion » pour qualifier les propos des journalistes. Rachida Dati a dénoncé sur X « des propos graves et contraires à la déontologie ». Son parti, Les Républicains, a qualifié ces échanges d’une « révolte ». Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a ajouté que cela constitue une « preuve supplémentaire » de la « partialité du ‘service public' » en faveur de la gauche.
À gauche, Jean-Luc Mélenchon a qualifié la seconde vidéo de « consternante » et a insinué que les journalistes complotaient pour favoriser des candidats spécifiques de gauche dans les futures élections.
Face à cela, le Parti socialiste a nié toute collusion, affirmant que les échanges entre les journalistes et les responsables politiques sont courants.
3 Les journalistes se défendent
Thomas Legrand a reconnu sur les réseaux sociaux que la diffusion de cette vidéo avait pu causer de la suspicion, se défendant en indiquant que ses propos avaient été extraits d’une conversation privée. Patrick Cohen a de son côté affirmé que cette rencontre avait été convoquée par le PS pour discuter du traitement médiatique qui leur était réservé, ce qui n’était pas une réunion conspiratoire. Tous deux ont été suspendus de leurs fonctions, France Inter évoquant des mesures conservatoires.
4 Thomas Legrand abandonne son émission sur France Inter
Quatre jours après la diffusion des vidéos, Thomas Legrand a annoncé sur X qu’il ne présenterait plus son émission dominicale pour des raisons de sérénité. La direction de France Inter a salué ce retrait comme un signe de son attachement au service public et à la protection de ses journalistes.
5 Les journalistes réclament la publication intégrale des vidéos
Patrick Cohen a révélé qu’il avait demandé, par voie d’huissier, l’intégralité des rushes des images filmées, insistant sur le fait qu’ils n’avaient rien à se reprocher. La production a affirmé que les extraits diffusés étaient manipulatoires, appelant à une plus grande transparence sur le contenu des conversations.
6 Les présidents des médias dénoncent une campagne de dénigrement
Les dirigeantes de Radio France et France Télévisions ont dénoncé une « campagne de dénigrement » orchestrée par le groupe Bolloré, affirmant que cela nuisit à la confiance dans l’information de service public. Elles ont appelé l’Arcom à s’assurer du respect de l’impartialité des médias.
7 L’Arcom favorable à une étude sur l’impartialité
Enfin, l’Arcom a annoncé son intention d’approfondir ses travaux sur l’impartialité du service public, soulignant le contexte de défiance croissante à l’égard des institutions médiatiques. L’autorité a précisé qu’elle n’était pas compétente pour se prononcer sur des vidéos non diffusées, mais qu’elle était responsable de l’impartialité dans le secteur public.