« Hors de contrôle », « danger pour le pays »… Le Premier ministre François Bayrou a placé la réduction de la dette publique au cœur des priorités de son gouvernement. Au premier trimestre de 2025, celle-ci s’élevait à 3 345,4 milliards d’euros, affichant une augmentation de 40,2 milliards par rapport au trimestre précédent, rapporte TopTribune.
Pour bien appréhender la dette publique, il est essentiel de saisir l’origine de l’endettement. Chaque année, l’État établit un budget basé sur ses recettes provenant des impôts et des taxes, ainsi que sur les dépenses nécessaires au financement des services publics tels que l’éducation, la police ou la justice. Cependant, depuis cinq décennies, les dépenses dépassent systématiquement les recettes, engendrant ainsi un déficit budgétaire. Cette différence est couverte par des emprunts, incluant également les dettes accumulées par la Sécurité sociale et d’autres organismes, ce qui constitue la dette publique.
Une dette publique en constante augmentation
La dette publique française représente actuellement 113,9 % du PIB, dépassant ainsi la production nationale du pays. Le traité de Maastricht, signé en 1991, impose aux pays de l’UE un plafond d’endettement de 60 % du PIB, un seuil que la France dépasse largement, se plaçant derrière la Grèce et l’Italie en tant que troisième nation la plus endettée d’Europe.
Au cours des 25 dernières années, la dette a considérablement augmenté, passant de 60 % à 114 % du PIB. La barre des 1 000 milliards d’euros a été franchie en 2003, tandis que la dette a atteint 3 102,5 milliards d’euros (109,8 % du PIB) en 2023, exacerbée par la crise financière de 2008 et la pandémie de Covid-19.
Actuellement, l’État est le principal emprunteur, représentant 81 % de la dette publique totale, soit 2 723,4 milliards d’euros. Les organismes d’administration centrale, tels que les universités et musées, affichent une dette stable à 69,7 milliards. En parallèle, les dettes des administrations de sécurité sociale et des collectivités locales ont respectivement augmenté de 3,3 et 0,6 milliard d’euros comparativement au trimestre précédent.
L’augmentation de la dette a pour conséquence l’alourdissement de la charge de la dette, c’est-à-dire le montant des intérêts à rembourser aux créanciers. Ce poste figure désormais comme l’un des plus importants des dépenses publiques et pourrait devenir le plus élevé des budgets nationaux d’ici la fin de l’année. François Bayrou a indiqué que les annuités à rembourser pourraient surpasser le budget de l’Éducation nationale et de la Défense.
À ce jour, la charge de la dette représente 6,6 % du budget de l’État, soit environ 56 milliards d’euros, avec une estimation de hausse à 67 milliards. Pour information, le budget alloué à l’enseignement s’élève à 64,5 milliards, tandis que celui de la défense est de 59,9 milliards.
Il est à noter que le montant de la dette est évalué de manière nominale, ne tenant pas compte de l’inflation. Ce point a été soulevé par plusieurs économistes. En effet, François Bayrou a omis d’envisager l’effet de l’inflation, qui peut diminuer le coût réel de la dette, phénomène souvent désigné sous le terme de « taxe inflationniste ». L’économiste Éric Heyer a expliqué que l’inflation peut atténuer le poids de la dette, voire l’absorber lorsque son taux dépasse celui des intérêts sur les emprunts de l’État.