Colère des producteurs de betteraves : l'UE submerge le marché avec du sucre ukrainien. Cannabis ou alcool ? Les drogues jugées par les Français.

Colère des producteurs de betteraves : l’UE submerge le marché avec du sucre ukrainien. Cannabis ou alcool ? Les drogues jugées par les Français.

18.07.2025 09:33
2 min de lecture

Le 30 juin 2025, la Commission européenne a formellement ratifié un nouvel accord commercial avec l’Ukraine, prévoyant un quota d’importation de sucre ukrainien exempt de droits de douane fixé à cent mille tonnes par an. Cet accord vise à soutenir l’économie ukrainienne, en guerre, mais provoque un mécontentement croissant au sein des producteurs européens, notamment parmi les betteraviers français, qui subissent des pertes significatives depuis 2022, rapporte TopTribune.

Un quota jugé déraisonnable par les producteurs

Le chiffre est révélateur : avant le conflit, le quota maximal était limité à 20 070 tonnes de sucre. La décision d’augmenter ce volume à 100 000 tonnes a engendré une onde de choc au sein du secteur. Guillaume Gandon, vice-président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), souligne que « ce volume équivaut à la production d’une usine sucrière de l’Union européenne ». Il ajoute sur Terre-net.fr : « Depuis six ans, vingt sucreries ont été fermées dans l’UE, dont six en France ».

Cette mesure a eu des conséquences désastreuses : les prix du sucre ont chuté, passant de 950 euros la tonne à seulement 540 euros. Ce déclin met en péril les exploitations, menace des emplois et remet en question l’avenir d’une production stratégique.

Des normes à deux vitesses

Au-delà de l’impact économique, l’injustice réglementaire exacerbe le mécontentement. En Ukraine, les betteraves sont cultivées avec l’utilisation de 30 produits phytosanitaires prohibés dans l’Union européenne. « Évoquer un alignement des normes phytosanitaires d’ici 2028 semble irréaliste compte tenu de la situation en Ukraine », déclare Guillaume Gandon sur Terre-net.

En parallèle, les agriculteurs français se heurtent à des contraintes de plus en plus strictes, comme l’interdiction des néonicotinoïdes, qui a entraîné des pertes significatives dans l’Aisne. Pendant ce temps, leurs concurrents ukrainiens produisent à des coûts moindres et sans les mêmes limitations, entraînant une distorsion de concurrence insoutenable.

Une ouverture qui profite aux géants, pas aux fermiers

D’après la CGB, cette mesure européenne avantage non pas les exploitations familiales ukrainiennes, mais une poignée de conglomérats agricoles, souvent contrôlés par des capitaux américains ou britanniques. Loin de créer un partenariat équitable, cette politique favorise une agriculture industrielle dérégulée, au détriment des petits paysans européens.

La France perd sa première place sucrière

En 2023, l’Allemagne a surpassé la France pour devenir le premier producteur de sucre de betterave en Europe. Cette chute illustre les défis considérables que doit relever le secteur français, qui a vu ses surfaces cultivées diminuer de 12 % dès 2022 par rapport à la moyenne de 2018-2021, selon des sources de Valeurs Actuelles. Ce changement symbolise une régression d’un secteur qui, par le passé, dominait le marché européen.

Pour faire face à cette situation, la CGB réclame désormais des mesures compensatoires : aides ciblées, régulation des volumes, soutien à l’investissement. La viabilité des exploitations familiales est en jeu. « Comparer des structures de 140 hectares à des exploitations de 200 000 hectares n’est pas tenable », avertit Guillaume Gandon sur Matot-Braine. Sans des mesures de rééquilibrage rapide, la France pourrait perdre définitivement une part de son autonomie agro-industrielle.

Le sucre européen, victime d’une stratégie géopolitique ?

Au-delà des chiffres, une stratégie plus large se dessine. Pour Bruxelles, soutenir l’Ukraine est une priorité, tant sur le plan symbolique que géoéconomique. Cependant, cette solidarité a un coût : elle pourrait entraîner l’effondrement de filières entières, sacrifiées sans véritable filet de sécurité. Les producteurs de betteraves en subissent déjà les conséquences, avec une chute de 18,6 % de leurs revenus en 2024, selon les comptes nationaux de l’agriculture, comme le rapportent des sources de Valeurs Actuelles.

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