
Invitée le 1er septembre sur Radio Classique, Christine Lagarde a présenté une analyse approfondie des enjeux économiques et politiques actuels. En abordant des thèmes variés allant de la situation en France à la stabilité des banques, tout en traitant de la discipline budgétaire et des risques mondiaux liés à l’indépendance de la Réserve fédérale américaine, la présidente de la BCE a partagé des réflexions destinées à rassurer tout en mettant en garde sur la fragilité de la situation, rapporte TopTribune.
La France face à des rumeurs de tutelle par le FMI
Christine Lagarde a d’abord souhaité dissiper une rumeur persistante concernant un éventuel recours de la France au FMI. « Ce sont les États qui sollicitent l’intervention du FMI […] or, ce n’est pas la situation actuelle de la France », a-t-elle affirmé sur Radio Classique, en se référant à son expérience à la tête du Fonds monétaire international. Cela a mis un terme aux spéculations, soulignant que l’institution ne s’engage que sur demande des pays.
Elle a affirmé avec insistance que la France doit conserver une discipline budgétaire rigoureuse. Avec un déficit public projeté à 5,8 % du PIB en 2024, l’équilibre des finances publiques est pour le moins précaire. Lagarde a noté que « tous les risques de crise gouvernementale dans les pays de la zone euro sont une source d’inquiétude », selon les informations relayées par Reuters. Elle a fait référence au vote de confiance qui pourrait potentiellement provoquer la chute du gouvernement de François Bayrou.
Réactions des marchés et stabilité bancaire
La présidente de la BCE a souligné l’importance de la perception des marchés financiers face aux tensions politiques. « Les développements sur le plan politique […] influencent indéniablement l’économie, impactant ainsi la manière dont les marchés financiers évaluent les risques pays », a-t-elle expliqué sur Radio Classique. Notamment, le spread entre les obligations d’État françaises (OAT) et celles allemandes (Bund) a atteint 80 points de base le 27 août, son niveau le plus élevé depuis avril, d’après des données de MarketWatch.
En parallèle, Christine Lagarde a voulu rassurer en ce qui concerne la robustesse du secteur bancaire. « Le système bancaire français est solidement capitalisé, en bien meilleure situation que lors de la dernière crise financière majeure, avec une bonne structure et une supervision adéquate, et il est composé d’acteurs responsables », a-t-elle affirmé. Elle a précisé ne pas considérer que « le système bancaire représente la source des risques actuels », même si, en période de turbulences, les marchés continuent d’évaluer les menaces potentielles.
Enjeux globaux et indépendance des banques centrales
Christine Lagarde a exprimé ses inquiétudes face aux intentions de Donald Trump de remettre en question l’indépendance de la Réserve fédérale américaine. Elle a averti que toute tentative de destituer le président Jerome Powell ou la gouverneure Lisa Cook représenterait « un risque considérable pour l’économie américaine ainsi que pour l’économie mondiale », selon Reuters. Elle a insisté sur le fait que si la politique monétaire était subordonnée « aux caprices de tel ou tel individu », cela compromettrait gravement la crédibilité de la première économie mondiale.
Elle a également noté qu’une récente décision judiciaire aux États-Unis annulant une grande partie des droits de douane instaurés par Trump entraînait « une incertitude supplémentaire » dans le paysage économique.