Face à la menace qui guette le Vieux Continent, l’Europe se devait de réagir. Début mars, la Commission européenne a ainsi présenté un plan ambitieux visant à réarmer le continent, le plan «ReArm EU», visant à mobiliser 800 milliards d’euros en dépenses d’armement. Le but ? Renforcer sa défense donc, mais également fournir une aide à l’Ukraine. D’ailleurs, 150 milliards d’euros peuvent être mis à disposition sous forme de prêts pour aider les Etats membres à accroître leurs capacités militaires. Enfin, pour financer les moyens de défense, Ursula von der Leyen a souhaité faciliter l’accès à la Banque européenne d’investissement (BEI).
Mais la Commission européenne ne s’est pas arrêtée là. Quinze jours après la présentation de ce plan, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a dévoilé le livre blanc sur la défense qui doit renforcer l’industrie européenne dans le secteur d’ici 2030, souligne le site TouteL’Europe.eu. Face à la menace russe, il est urgent d’investir dans la sécurité européenne, a martelé Kaja Kallas. Car le constat est sans appel : «Des décennies de sous-investissements dans la défense à travers l’UE ont mené à des insuffisances critiques en matière de capacités militaires.»
Un manque d’initiatives communes des pays européens
Mais ce n’est pas tout. Ce livre blanc met également en exergue le «manque de ressources», une «base industrielle de défense fragmentée» et des «forces armées réduites». Trop peu d’investissements à ce jour face à des pays comme la Chine, la Russie ou les Etats-Unis d’où le plan «ReArm EU». Ce qui cloche en Europe ? Le manque d’initiatives communes alors que chaque Etat investit environ 2% de son PIB pour la défense.
Parmi les pistes envisagées, la mise en place d’une centrale d’achat commune pour l’armement et une priorisation des achats en Europe. Le but : que 65% des achats soient d’origine européenne. Ce livre blanc préconise également une ouverture aux partenaires hors UE que peuvent être le Japon, la Norvège ou encore la Corée du Sud, afin notamment qu’ils participent à des projets d’armement conjoints avec les pays de l’UE.
Trop de disparités dans l’armement de chaque pays
En clair, la Commission européenne recommande de rapprocher l’industrie de défense ukrainienne du marché européen, mais également d’intégrer ses priorités en matière de développement des capacités de défense. Mais actuellement, de quels moyens disposent vraiment la France et les pays de l’UE ? Il y a d’importantes disparités parmi les 27. Selon les données de TouteL’Europe.eu, la France dispose par exemple de 215 chars, 976 hélicoptères, 1 porte-avions et neuf sous-marins, mais surtout de l’arme nucléaire. En termes de forces militaires, la France devance la Pologne qui dispose d’un total de 1 094 éléments, l’Italie (939) et l’Allemagne (886).
Mais c’est loin d’être le pays le plus fourni. Avec un arsenal total de 1 912 éléments de défense, dont 1 344 chars, la Grèce caracole en tête, disposant également de dix sous-marins et 558 avions et hélicoptères. Armée face à la menace turque, la Grèce n’a pas que des outils de qualité. «Tous les chars ne se valent pas, ce sont des équipements assez anciens», décrypte auprès de nos confrères Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine.
Le Royaume-Uni bien doté
A ce jour, trois pays disposent de porte-avions (France, Italie et Espagne) et neuf de sous-marins : France, Pologne, Portugal, Suède, Allemagne, Espagne, Grèce, Italie, et Pays-Bas. Mais la France a quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Cependant, comme l’avait évoqué Capital, à ce jour, le Vieux Continent est encore trop dépendant de l’armement américain. A noter que hors UE, le Royaume-Uni dispose également d’un bel arsenal, à savoir 227 chars, 631 avions et hélicoptères militaires, mais aussi 2 porte-avions et 9 sous-marins. Ainsi que de l’arme nucléaire !