Açik Radyo, qui existe depuis 30 ans, est censurée par les autorités turques pour ne pas avoir corrigé une invitée qui a mentionné le génocide arménien à l’antenne.
La censure se fait toujours plus forte en Turquie. Et elle s’appuie sur un sujet tabou : l’évocation du génocide arménien qui ne passe toujours pas. Pour l’avoir fait, Açik Radyo(Nouvelle fenêtre), qui signifie « radio ouverte », l’une des dernières stations indépendantes et pluralistes dans le pays, a été réduite au silence. Elle a dû cesser d’émettre mercredi 16 octobre, après 30 ans d’existence.
Une dernière émission, des auditeurs qui appellent, une chanson et le silence brisé par des larmes et des applaudissements. A 13h, heure d’Istanbul. Açik Radyo a cessé d’émettre. Tuğba Tekerek y animait une émission de musique : « C’est si brutal de fermer une radio si précieuse. Cette radio, c’était une fenêtre sur des mondes différents, pour toutes les minorités les Arméniens, les Grecs », regrette-t-elle.
« Une telle approche, cela n’existe pas dans les autres médias en Turquie. »Tuğba Tekerek, animatrice sur Açik Radyo
à franceinfo
La radio est punie pour ne pas avoir corrigé une invitée qui évoquait le génocide arménien lors d’une émission remontant à avril dernier.
Selon RTÜK, le conseil supérieur de l’audiovisuel turc, équivalent de l’Arcom en France, cette expression démontre une attitude partisane et haineuse. « Si une institution comme Açik Radyo qui a 30 ans maintenant, a été fermée, c’est aussi un message pour le reste de la société qu’on n’est pas libre d’exprimer notre voix, notre opinion, avance İlksen Mavituna, l’une des plus anciennes voix de la radio. Cela démontre un grand danger d’autocensure et d’oppression envers des voix civiles d’opposition et alternatives. »
Açik Radyo va contester cette décision en justice et en appel au soutien du public.