Les inquiétudes croissantes quant à l’impact écologique de l’intelligence artificielle
Lors des premières assises nationales de l’IA à Caen, Jérôme Henique, PDG dOrange, a souligné que « l’on n’a pas toujours besoin de l’IA pour avoir une réponse ». Cette déclaration a suscité des réflexions sur l’empreinte carbone générée par les technologies d’intelligence artificielle, qui consomment d’importantes quantités d’énergie, rapporte TopTribune.
L’événement, qui a réuni près de 600 décideurs, chercheurs et experts, a mis en lumière les applications potentielles de l’IA dans des secteurs variés, tels que la santé et la finance. Cependant, les discussions ont rapidement dérivé sur le coût écologique des data centers, cruciaux pour le fonctionnement de ces technologies.
Les défis de la transition numérique
Au cours de la conférence, Anne Bouverot, chercheuse en IA, a reconnu la complexité des enjeux liés à cette technologie. « Nous sommes clairement face à une technologie qui va changer notre manière de travailler », a-t-elle déclaré, ajoutant que « c’est un domaine dans lequel personne n’a encore toutes les réponses ». Ses propos témoignent d’une approche plus nuancée, contrairement aux affirmations faites lors d’une récente conférence à Paris, où il avait été question de concilier transition numérique et écologique.
Cédric Villani, mathématicien et ancien député, a exprimé des préoccupations similaires. Lors d’un échange animé, il a critiqué l’évolution actuelle de l’IA, la qualifiant de « calamiteuse pour l’environnement ». Il a mis en avant la consommation énergétique des data centers et les conflits potentiels sur l’accès à cette énergie limitée. Selon lui, « l’énergie, on va se la disputer pour savoir qui a droit à sa part du gâteau ». Ces avertissements soulignent l’urgence de trouver des solutions durables.
L’alerte sur la consommation énergétique
La publication récente du Shift Project a alerté sur l’expansion attendue de la consommation électrique des data centers, qui pourrait grimper à 1.250 à 1.500 TWh d’ici 2030, plus du double par rapport à 2023. Cette augmentation est en grande partie attribuée à l’utilisation croissante d’algorithmes et de programmes d’intelligence artificielle.
Le directeur de R & D au Shift Project, Alexandre Theve, a précisé que « les tendances actuelles d’usage nous mènent vraiment vers une explosion en matière de consommation d’énergie », ce qui pourrait empêcher d’atteindre les objectifs climatiques. La question écologique se pose ainsi avec acuité, notamment en raison des ressources limitées disponibles.
Une utilisation croissante des data centers en France
En France, la consommation des data centers représente déjà environ 15 % de la consommation électrique mondiale, une proportion qui pourrait atteindre entre 35 % et 55 % dans les cinq prochaines années. Actuellement, il existe plus de 300 data centers dans le pays, générant 50 % des 4,4 % que le numérique représente dans l’empreinte carbone nationale. Ce chiffre équivaut aux émissions totales du secteur des poids lourds, dévoilant ainsi l’impact significatif de cette industrie sur l’environnement.
Les débats autour de l’impact environnemental de l’IA sont plus que jamais d’actualité, remettant en question la durabilité de notre approche actuelle face à cette révolution technologique. Alors que les experts et les décideurs continuent d’explorer les bénéfices potentiels de l’intelligence artificielle, la nécessité d’un dialogue constructif sur les solutions écologiques s’accroît, rappelant le besoin urgent de stratégies viables pour l’avenir.