Les enjeux financiers de la radiothérapie en France
Alors que le gouvernement s’efforce de diminuer les dépenses de l’Assurance maladie dans le cadre du budget 2026, le syndicat CFTC met en lumière le secteur de la radiothérapie. Cette catégorie de soins est accusée de réaliser « des marges énormes », ce qui suscite de vives préoccupations parmi les acteurs de la santé publique, rapporte TopTribune.
Le doublement du plafond des franchises médicales, ainsi qu’un contrôle renforcé des arrêts maladie, sont des mesures envisagées pour atteindre une réduction de cinq milliards d’euros des coûts de la santé l’année prochaine. Selon François Bayrou, la démarche vise à « responsabiliser les Français ».
La CFTC propose d’explorer d’autres avenues pour alléger la charge financière de l’Assurance maladie, en se concentrant notamment sur le coût du transport médical et sur la radiothérapie. Ce dernier, selon le syndicat, représente « un vrai sujet » en raison de ses marges considérables.
Le rapport « Charges et produits 2026 » de l’Assurance maladie semble appuyer ces allégations, indiquant que la radiothérapie, considérée comme un traitement clé contre le cancer, est l’un des sept secteurs de soins « dont le niveau de rentabilité interroge ».
D’autres domaines, tels que l’anatomopathologie, la biologie, les audioprothèses, la dialyse, la médecine nucléaire et la radiologie, sont également critiqués. L’Assurance maladie conclut que réduire les tarifs des actes médicaux pourrait être un levier utile pour une répartition plus équitable des dépenses.
En moyenne, le taux de rentabilité des centres de radiothérapie atteint 21%, ce qui est considérablement plus élevé que la moyenne de 7% observée parmi les entreprises françaises en 2022, selon les données de l’Insee. De plus, un oncologue radiothérapeute libéral perçoit en moyenne 35 000 euros nets par mois, comme le souligne la Cour des comptes. Cette même institution avait exprimé, il y a trois ans, ses inquiétudes face à l’augmentation rapide des dépenses de radiothérapie, une hausse jugée « plus que proportionnelle » à l’accroissement du nombre de patients.
La question se pose alors : pourquoi la radiothérapie génère-t-elle des bénéfices si élevés pour les établissements qui la pratiquent ? L’Assurance maladie et la Cour des comptes s’accordent à dire que cela découle de règles de tarification très favorables aux établissements, tant dans le privé que dans le public. En 2022, la Cour des comptes avait révélé que les tarifs de la radiothérapie étaient en moyenne 75% supérieurs aux coûts réels des actes fournis.
En outre, dans le secteur des cabinets libéraux, la pratique du supplément ajoutée à la facturation des services est particulièrement lucrative. Par exemple, pour s’assurer que le patient est bien positionné sur la table d’irradiation, le radiothérapeute peut avoir recours à plusieurs imageries médicales, ce qui peut considérablement alourdir la facture finale, le rapport de la Cour soulignant que cela permet parfois de « doubler voire tripler la facture ».
Le débat sur la rentabilité de la radiothérapie soulève donc des questions fondamentales sur la gestion des budgets de santé en France, ainsi que sur l’accès équitable aux soins pour les patients. Une réflexion s’impose pour trouver un équilibre entre la rentabilité des établissements de santé et la nécessité d’assurer des soins accessibles et de qualité pour tous.