Cette étude réalisée par le BASIC classe plusieurs filières d’aliments en fonction de leur nocivité pour l’environnement et les droits humains.
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13 filières d’aliments importés en France ont été identifiées « comme étant à l’origine d’une forte pression sur les écosystèmes, de nombreuses violations des droits humains et d’inégalités sociales persistantes », selon l’étude « Consommation française de produits agricoles importés : quels impacts, quelles solutions », réalisée par le BASIC pour Max Havelaar France, l’Institut Veblen et Greenpeace France, consultée jeudi 17 avril par France Inter. Cette étude évalue les impacts socio-économiques (travail des enfants, travail forcé, niveau de vie) et écologiques (climat, eau, biodiversité) des principales filières d’importation agricoles vers la France. Le BASIC est une coopérative (SCIC) spécialisée dans l’analyse des impacts des modes de production et de consommation sur la société et l’environnement, en particulier dans l’alimentation et l’agriculture.
Les 13 filières sont les suivantes, classées par leur score d’impact calculé sur 21 : cacao (14), soja (13), huile de palme (12), arrivent ex aequo à 11 la vanille, le sucre de canne, le riz et le café. Viennent ensuite les avocats et le jus d’orange (7 pour les deux filières), puis les noix de cajou, les tomates et le thé (6) et enfin les bananes (5).
La culture du cacao particulièrement néfaste
Parmi ces filières, six concentrent les violations des droits humains : travail des enfants, travail forcé, salaires indécents. Il s’agit du cacao, de la vanille, du riz, de l’huile de palme, du sucre de canne et du café. Dans six filières, les travailleurs perçoivent moins de 60% d’un revenu vital. Il s’agit de la vanille, de l’huile de palme, du sucre de canne, du jus d’orange, du riz et du cacao. Enfin, deux filières concentrent des impacts majeurs sur l’environnement : le cacao et le soja qui ont un impact important sur le climat, d’importants taux de déforestation et de pollution des eaux.
Dans le détail, l’étude montre que les filières françaises les plus responsables de déforestation sont celles du soja (principalement cultivé au Brésil), de l’huile de palme (en Asie du Sud-Est) et du cacao (Afrique de l’Ouest). Ces cultures sont souvent implantées dans des zones anciennement forestières, dont les surfaces sont rasées ou brûlées pour créer des monocultures à haut rendement.
Les trois filières agricoles importées les plus émettrices de gaz à effet de serre sont le cacao, le soja et le café. Ces cultures sont majoritairement produites en Afrique de l’Ouest, en Amérique latine et en Asie. En ce qui concerne la pollution de l’eau et les eaux grises (quantité d’eau nécessaire pour diluer les polluants jusqu’à des concentrations acceptables), on retrouve le cacao, le soja et le café.
Le soja, le riz et le jus d’orange arrivent en tête de la consommation d’eau pour l’irrigation, dite « eau bleue » (eau prélevée dans les ressources de surface, comme les rivières ou les lacs, ou souterraines, comme les nappes phréatiques) pour l’irrigation. « Ces trois cultures, souvent pratiquées en monoculture et avec une forte dépendance à l’irrigation, exercent une pression directe sur les ressources en eau, parfois dans des régions déjà vulnérables à la sécheresse », souligne l’étude.
Travail des enfants et travail forcé
Trois filières se distinguent particulièrement par la présence systémique du travail des enfants ou forcé : le cacao (on estime à 1,5 million le nombre d’enfants travaillant dans des conditions dangereuses en Afrique de l’Ouest), le sucre de canne et le café. Pour le travail forcé c’est la vanille, l’huile de palme et le sucre de canne qui sont particulièrement concernés.
Selon l’étude, plusieurs filières d’importation françaises affichent enfin des niveaux particulièrement faibles en matière de revenu vital, notamment la vanille, l’huile de palme et le sucre de canne. « Ces filières, bien qu’elles génèrent des profits considérables pour les industriels et distributeurs, laissent leurs producteurs dans une pauvreté endémique », est-il précisé.
Pour faire face à cela, Greenpeace, Max Havelaar France et l’Institut Veblen appellent les décideurs à « appliquer rigoureusement les textes européens RDUE (règlement sur la déforestation), CS3D (directive sur le devoir de vigilance) et Règlement Travail Forcé, sans délai et les détricoter ». Les trois organisations demandent également aux dirigeants de « rejeter l’accord UE-Mercosur » jugé « incompatible avec les objectifs européens en matière de justice sociale et climatique ». Enfin, elles appellent à « soutenir activement la certification écologique, sociale et équitable des importations françaises dans les denrées sensibles ».