Le « Cable Vigilance », qui bat pavillon tricolore, part de Calais ce jeudi. Cette mission est prévue jusqu’à la fin novembre, alors qu’une enquête a été ouverte pour établir les causes de la rupture du « C-Lion1 ».
Le client n’a pas donné d’adresse, mais des coordonnées GPS. Un équipage de techniciens part de Calais (Pas-de-Calais), jeudi 21 novembre, pour réparer la fibre en mer suédoise, a appris franceinfo de sources concordantes. Le Cable Vigilance, un navire câblier battant pavillon français, a été chargé de restaurer le C-Lion1, une infrastructure de télécommunications sous-marine qui a subi une rupture – vraisemblablement causée par un tiers –, provoquant une panne sur ce câble qui relie la Finlande à l’Allemagne. La mission sera menée au large de l’île suédoise d’Öland, explique l’opérateur finlandais Cinia dans un communiqué(Nouvelle fenêtre).
Le navire devra acheminer le matériel nécessaire à la réparation en mer et les derniers préparatifs ont été menés à la hâte, à la veille du départ. « On parle d’une cinquantaine de mètres de profondeur », explique à franceinfo l’entreprise française Alcatel Submarine Networks, qui exploite le bateau. Celle-ci n’a pas souhaité communiquer davantage de détails sur cette mission, jugée confidentielle. « Nous évitons d’être trop prolixes sur la position de nos équipages et de nos navires, pour des raisons évidentes de sécurité. »
« Un travail de couturier »
Pour autant, le câblier est coutumier de ces types d’opération. « Les extrémités des câbles abîmés sont récupérées avec un grappin », mais le navire est également doté d’un véhicule sous-marin télé-opéré (ROV). « Il faut ensuite mener un travail de couturier, puisqu’il faut remettre une partie de câble et ressouder chacune des fibres optiques les unes avec les autres – raison pour laquelle elles sont colorées – avant d’imperméabiliser correctement le tout. » Le protocole est « relativement standard, et c’est pour cela qu’il y a des accords et des consortiums sur les différentes zones maritimes », afin que différents acteurs puissent intervenir en cas de besoin.
Le Cable Vigilance rentrait tout juste d’une mission dans le sud de l’Irlande aux côtés d’un autre câblier, Ile-de-Batz, signalait récemment Le Télégramme(Nouvelle fenêtre), dans le cadre de la liaison électrique Celtic Interconnector entre la Bretagne et l’Irlande. Ce navire construit en 2006 a été reconverti en câblier en 2022. Propriété du groupe malaisien OMS, il est géré par le groupe Louis-Dreyfus Armateurs et opère en partenariat avec Alcatel Submarine Networks au sein de l’Atlantique Private Maintenance Agreement.
L’Etat français avait acquis cet été 80% du capital de cette entreprise auprès du finlandais Nokia, jugeant cette activité stratégique, au moment où les tensions géopolitiques s’accentuent autour des grandes infrastructures. Auparavant, le spécialiste de la pose de câbles sous-marins était tombé dans l’escarcelle du groupe finlandais en 2015, lors de la vente de l’ensemble du groupe Alcatel.
Des soupçons de « sabotage »
L’opérateur Cinia, qui exploite le câble, a estimé « le délai de réparation entre cinq et quinze jours », ce qui est le délai classique pour réparer des câbles sous-marins. « On est sur des ordres d’idée tout ce qu’il y a de plus normal, confirme Alcatel Submarine Networks. Car il y a toujours des délais incompressibles, le temps d’avoir les équipements et le temps d’aller sur place. »
L’infrastructure a été sectionnée à sa mi-longueur, a expliqué Cinia, dans un « secteur éloigné du trafic maritime » situé dans la zone économique exclusive de la Suède. L’opérateur n’a pas précisé la nature exacte des dégâts. Ce n’est pas la seule infrastructure touchée ces derniers jours. Un autre câble sous-marin de télécommunications, reliant la Suède à la Lituanie, a été endommagé dimanche, a affirmé mardi à l’AFP le ministre suédois de la Défense civile, confirmant une information de la société suédoise de télécommunications Telia.
Après la rupture des deux câbles en mer Baltique, les forces de défense danoises ont annoncé suivre un bateau chinois, le Yi Peng 3, au lendemain de l’ouverture d’enquêtes en Suède et en Finlande pour « sabotage ». « Nous sommes présents dans la zone proche du navire chinois Yi Peng 3« , a écrit la Défense danoise(Nouvelle fenêtre), sans livrer d’autres détails dans l’immédiat. Un vaisseau danois, le P525, se trouvait toujours à proximité, mercredi après-midi, selon le site de tracking VesselFinder.