
Le gouvernement français a présenté son projet de loi de finances pour 2026 le 14 octobre. Ce texte comporte plusieurs évolutions significatives concernant la fiscalité sur les biocarburants, s’inscrivant dans le cadre de différentes réformes fiscales. Parmi les modifications, on évoque une augmentation progressive des taxes sur le superéthanol-E85 ainsi que la suppression du tarif spécifique pour le biogazole B100. Ces changements pourraient entraîner une hausse des prix à la pompe, suscitant ainsi un vif débat parmi les acteurs du secteur, rapporte TopTribune.
Une réforme fiscale très discutée
Instrumenté par le Premier ministre Sébastien Lecornu, le projet a pour but de renforcer le malus CO2 sur les véhicules jugés polluants jusqu’en 2028. Par ailleurs, les dépenses fiscales liées aux biocarburants vont être réévaluées entre 2026 et 2028. Plus précisément, la disparition du tarif particulier pour le carburant B100 sera imminente et l’avantage fiscal lié à l’E85 diminuera progressivement. Cela pourrait engendrer une augmentation de son prix d’environ 40 à 50 centimes par litre, portant potentiellement le prix du litre d’E85 à 1,20 € à la station-service.
Cet ensemble de décisions a provoqué diverses réactions. La Collective du bioéthanol, qui regroupe l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) et Bioéthanol France, considère cette augmentation comme « irrationnelle », notamment à la suite du gel des taxes instauré en 2018 en réponse aux mouvements des gilets jaunes. Par ailleurs, la présidente d’EsteriFrance, Isabelle Weber, souligne que cette hausse fiscale, qui pourrait atteindre 400 % en trois ans, se fait sans concertation préalable, ce qui risque d’accroître les inégalités sociales.
Répercussions économiques et sociales
Les ajustements prévus pourraient avoir des conséquences significatives sur l’économie. Les estimations prévoient que le prix de l’ensemble des essences augmentera de 2,3 centimes par litre, affectant quelque 16 millions de conducteurs utilisant de l’essence. Pour ceux qui choisissent l’E85 pour réaliser des économies — environ 700 € par an pour un usage habituel — cette réforme pourrait changer radicalement la situation.
En outre, l’élimination du tarif préférentiel pour le B100 devrait provoquer une hausse immédiate d’environ 30 centimes par litre dès 2026. Cette augmentation touchera particulièrement les 15 000 camions fonctionnant au B100 en France, ce qui pourrait entraîner des coûts logistiques accrus et, par extension, une hausse des prix des biens transportés.
Les débats sur l’environnement et les critiques
Bien que les biocarburants constituent une alternative aux énergies fossiles, leur impact environnemental suscite des controverses. Un rapport de Transport & Environnement indique qu’ils génèrent 16 % de CO2 supplémentaires comparés aux carburants fossiles traditionnels. De plus, leur production demande jusqu’à 3 000 litres d’eau pour parcourir 100 km et mobilise de vastes terres agricoles, soulevant des préoccupations quant à la compétition avec la production alimentaire.
Cependant, certains défenseurs de cette réforme fiscale soutiennent qu’il serait difficile de maintenir les avantages fiscaux actuels sur le long terme. Jean-Philippe Hermine, de l’Institut Mobilités en transition, fait valoir qu’il serait financièrement insoutenable de continuer ces mesures.
Les perspectives à venir
Le gouvernement définit cette réforme comme un ajustement nécessaire, et non simplement comme une augmentation d’impôts. Pourtant, ce sujet demeure sensibles à Matignon. La FNSEA craint une diminution des revenus pour les agriculteurs français et évoque un renforcement de la concurrence à cause de l’accord UE-Mercosur.