François Bayrou doit enfin traduire en actes son obsession de la lutte contre la dette. Mais à l’approche de ses annonces budgétaires, mardi, le Premier ministre ne donne pas beaucoup d’indices, rapporte TopTribune.
La lutte contre la dette : un défi pour François Bayrou
François Bayrou a souvent qualifié la lutte contre la dette de son « Himalaya », soulignant les défis majeurs qui l’attendent. Dès sa nomination en décembre, le Premier ministre a déclaré être conscient de la gravité de la situation économique. Aujourd’hui, alors que le pays fait face à des dettes dépassant les 3 000 milliards d’euros, le moment de vérité est arrivé. Pendant près de trois décennies, Bayrou a prôné cette lutte, marquant ainsi la grande ligne directrice de son engagement politique.
Dès 2002, sur RTL, il s’est exprimé sur la dette française, alors de 1 000 milliards d’euros, avertissant que ce montant colossal pouvait sembler abstrait. La dette ayant triplé depuis, il est impératif pour lui de prouver, en tant qu’agrégé de lettres classiques, qu’il peut appliquer ses théories au monde réel, et non se limiter à des discours éloquents.
Alors qu’il doit faire des propositions cruciales concernant le déficit, peu d’informations ont filtré jusqu’à présent. Lors d’une allocution de plus d’une heure et demie, Bayrou a évité de clarifier ses idées, déclarant simplement que ce ne serait pas l’impôt qui règlera les problèmes. Il a suggéré que certains secteurs pourraient faire l’objet de « demandes d’efforts particuliers ». Toutefois, il semble que le Premier ministre vise à renvoyer la balle aux parlementaires, leur laissant le soin de choisir les mesures. La semaine dernière, au Sénat, il a déclaré que le gouvernement offrirait des solutions, mais que c’était au Parlement de trancher, insistant sur la nécessité de ne pas déformer les responsabilités.
Il n’est pas surprenant que Bayrou soit encore en place après six mois, alors que beaucoup doutaient de sa longévité. Même ses critiques reconnaissent son habileté à naviguer entre les partis, souvent en évitant les conflits. Il pourrait ainsi appliquer une méthode éprouvée dans la gestion du budget, ce qui ne plaira pas à un président en quête d’un cap clairement défini. Selon le président, il ne souhaite pas se contenter de « pressions » vagues.
Laisser le choix de la voie à suivre est une stratégie inattendue, surtout après avoir affirmé durant des mois qu’il n’y avait pas de choix. Le Premier ministre connaît bien la dynamique politique : les oppositions préfèrent ne pas s’engager sur le budget, laissant à Matignon la responsabilité des décisions difficiles. Les débats passés sur des amendements périphériques en sont un exemple frappant.
Si Bayrou est vraiment confiant, alors, dans ce moment si critique, il devrait poser ses idées sur la table avec tentation : « Prenez-les ou laissez-les », risquant même son départ. En citant Cyrano, il exigerait un résultat impécable. Imaginez un alpiniste hésitant au pied de l’Everest, demandant à ses coéquipiers restés au refuge de décider à sa place.