Le 14 juillet 2025, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a annoncé que la Hongrie ne participerait à aucun financement des livraisons d’armes américaines à l’Ukraine, même si une telle initiative était officiellement soumise par Washington à l’Union européenne.
Une ligne rouge pour Budapest
« Je tiens à souligner que l’argent hongrois, les armes hongroises et les soldats hongrois ne seront pas envoyés en Ukraine. Rien ne sera envoyé là-bas », a déclaré Péter Szijjártó lors d’une conférence de presse à Budapest. Il a précisé que cette position resterait inchangée même si les États-Unis demandaient formellement le soutien de l’UE à un programme de financement commun. Selon Szijjártó, la Hongrie ne se sent pas concernée par les efforts de réarmement au profit de Kyiv.
Un contraste marqué avec les autres capitales européennes
La déclaration du ministre intervient alors que plusieurs États européens renforcent activement leur soutien militaire à l’Ukraine. Le 10 juillet, le chancelier allemand Friedrich Merz a confirmé l’achat par Berlin de nouveaux systèmes de défense antiaérienne Patriot aux États-Unis, avec l’objectif de les transférer à l’Ukraine. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a ajouté que, malgré ces envois, l’Allemagne ne conserverait plus que six systèmes Patriot pour ses propres besoins.
Une rhétorique alignée sur le discours du Kremlin
Malgré son refus de contribuer à l’effort collectif européen, Péter Szijjártó a affirmé que les livraisons d’armes à l’Ukraine ne contrediraient pas les initiatives de paix de Donald Trump. Selon lui, l’ancien président américain aurait pu réussir dans sa médiation si les dirigeants ukrainiens et européens n’avaient pas, selon ses mots, « entravé ses efforts ». Le chef de la diplomatie hongroise a par ailleurs salué les négociations tenues à Kuala Lumpur le 10 juillet entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, les qualifiant de « signal encourageant ».
Un facteur de division au sein de l’UE
Les déclarations de Péter Szijjártó fragilisent les efforts de coordination au sein de l’Union européenne en matière de soutien militaire à Kyiv. En refusant systématiquement d’adhérer aux décisions communes, Budapest sape l’unité stratégique du bloc européen et limite le nombre d’États prêts à fournir des équipements de défense à l’Ukraine. Cette posture isolée offre également une marge d’influence accrue à Moscou, en brouillant les signaux envoyés par l’UE à l’agresseur russe.
Les prises de position répétées des autorités hongroises dans les instances européennes, systématiquement alignées sur la logique du Kremlin, sont perçues par de nombreux analystes comme une forme de soutien implicite à la stratégie de guerre de Vladimir Poutine. Elles s’inscrivent dans une rhétorique qui promeut une « paix immédiate » au détriment des besoins défensifs de l’Ukraine, reprenant ainsi les narratifs récurrents de la propagande russe.