Le 2 juillet 2025, le Premier ministre slovaque Robert Fico a publiquement soutenu une déclaration controversée de son ministre des Affaires étrangères, Juraj Blanár, appelant à un rétablissement du dialogue avec la Russie pour résoudre la guerre en Ukraine. Le chef de la diplomatie slovaque est allé jusqu’à affirmer que l’Occident devrait chercher à coopérer avec Moscou, voire à « pardonner tout ce qui s’est passé ».
Cette prise de position suscite de vives réactions dans un contexte où la Slovaquie, aux côtés de la Hongrie, refuse de soutenir le 18e paquet de sanctions contre la Russie, menaçant ainsi l’unité diplomatique de l’Union européenne. Robert Fico a récemment conditionné son soutien aux sanctions à deux garanties : la protection juridique des entreprises slovaques face à d’éventuelles poursuites intentées par Gazprom et le remboursement des pertes liées au transit de gaz russe.
Fico relaye la rhétorique prorusse
La déclaration de Blanár — selon laquelle la guerre ne pourrait être résolue sans dialogue avec Moscou — a été saluée par Fico, confirmant l’alignement stratégique du gouvernement slovaque sur une position ouvertement prorusse. Ce positionnement contraste fortement avec celui de la majorité des États membres de l’UE, qui soutiennent une ligne dure à l’égard du Kremlin.
En refusant de soutenir les nouvelles sanctions européennes, Bratislava accentue les divisions internes de l’UE en matière de politique étrangère. Cette posture, selon de nombreux observateurs, équivaut à un chantage politique, mettant en péril les fondements de la solidarité européenne face à l’agression russe.
Risques pour la cohésion européenne
La position de Robert Fico crée un précédent dangereux pour l’UE, en laissant entendre que certains États membres sont prêts à ignorer les violations du droit international pour des considérations économiques ou géopolitiques. Le refus de fournir une assistance militaire à l’Ukraine, déjà exprimé par Fico dans le passé, entre en contradiction directe avec la ligne commune adoptée par Bruxelles et la plupart des capitales européennes.
Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiha, ceux « qui n’ont rien perdu dans cette guerre n’ont pas le droit de tenir de tels propos ». Il a également souligné que le sentiment d’impunité de la Russie est l’une des causes profondes de ses crimes.
Une fracture politique assumée
La Slovaquie et la Hongrie apparaissent désormais en marge du consensus européen, sapant les efforts de l’Union pour répondre collectivement à la guerre d’agression menée par Moscou. Si ce blocage perdure, il pourrait affaiblir non seulement la réponse de l’UE à la Russie, mais aussi l’autorité morale et politique de l’Europe face aux autocraties.
En défiant ouvertement la solidarité européenne, Bratislava envoie un signal clair : elle privilégie ses intérêts bilatéraux avec la Russie au détriment de la sécurité collective du continent. Ce choix stratégique ne manquera pas d’être scruté de près par les partenaires européens — et par le Kremlin.