Né sur les réseaux sociaux, le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre, évoquant les Gilets jaunes, émerge comme un fait politique déterminant de la rentrée. Sans leader ni affiliation partisane, il capte la colère grandissante contre le Budget 2026 proposé par François Bayrou, qui animera une conférence de presse ce lundi, rapportent TopTribune.
Ce mouvement insaisissable et protéiforme attire l’attention en rassemblant les mécontentements actuels, particulièrement ceux liés au budget de l’État. Actuellement, il demeure incertain comment cette initiative de la sphère numérique se traduira dans la réalité et potentiellement dans la rue. Cependant, il constitue déjà un phénomène marquant, forçant syndicats et responsables politiques à prendre position, de surcroît soutenu par une majorité de Français. Un sondage réalisé par Toluna Harris Interactive pour RTL indique que 63 % des Français apportent leur soutien à cette démarche.
Ce nouveau mouvement de contestation s’inscrit dans un cadre de mobilisations sociales passées, telles que la loi El Khomri en 2016, les Gilets jaunes en 2018 et la réforme des retraites en 2023, suscitant interrogations et préoccupations.
Méfiance des syndicats
Les syndicats font preuve de prudence face à cette mouvance, bien que certaines de ses revendications semblent en phase avec leurs intérêts. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a exprimé ses réserves concernant ce mouvement qu’elle juge « nébuleux », mettant en garde contre le risque de récupération par l’extrême droite.
Elle a précisé dans une interview sur France Inter que, bien que « les revendications sociales et la dénonciation » du budget répondent à son analyse, « les autres aspects demeurent flous ». Le syndicat prévoit d’en débattre la semaine prochaine lors d’un rassemblement intersyndical. D’autres organisations, comme FO, CFTC, Unsa ou CFDT, n’ont pas encore officialisé leur soutien, affichant également un certain scepticisme.
En revanche, des sections comme SUD-Rail, le troisième syndicat des cheminots, ont déjà appelé à une grève « massive » et à des blocages pour le 10 septembre. Des fédérations sectorielles de la CGT, telles que CGT-Chimie et CGT-Commerce, ainsi que Sud Industrie, ont également manifesté leur soutien.
La gauche entre soutien et expectative
Sur le plan politique, les positions commencent à se préciser lors des universités d’été. Alors qu’en 2018, les partis politiques avaient été pris au dépourvu par le mouvement des Gilets jaunes, il semble cette fois qu’ils sont préparés à réagir. Jean-Luc Mélenchon a été l’un des premiers à embrasser cette cause, malgré le risque de se voir accuser de récupération.
Dans un premier temps, il a exprimé son adhésion aux « motifs de cette action » sur son blog, tout en insistant sur l’importance de maintenir son « indépendance » pour assurer le succès du mouvement. Lors d’une déclaration dans « La Tribune dimanche », il a affirmé son soutien à cette initiative et incité ses sympathisants à s’impliquer dans d’éventuels collectifs locaux. Vendredi, à la clôture des universités d’été de La France Insoumise, il a appelé à « la grève générale ».
De son côté, Marine Tondelier, d’Europe Écologie Les Verts, a exhorté à soutenir le mouvement du 10 septembre tout en s’opposant à toute forme de « récupération ». Le Parti communiste français a confirmé sa participation à la journée d’action, tandis que le Parti socialiste, qui prépare une réponse budgétaire pour début septembre, reste plus prudent, déclarant ne pas vouloir « canaliser » le mouvement.
À droite, le Rassemblement national, par la voix de la députée Edwige Diaz, a indiqué qu’il ne se positionnerait pas en tant qu’organisateur de manifestations et ne donnerait pas de consigne à ses membres.
Bayrou en démineur
Face à cette montée de la contestation, ceux qui soutiennent le gouvernement condamnent tout type de blocage et appellent au dialogue, mais beaucoup se rappellent l’épisode des Gilets jaunes qui n’avait pas été anticipé. Avec sa longue expérience, François Bayrou s’emploie cet été à apaiser les tensions, malgré un budget controversé. Dans une récente interview, il a exprimé sa conviction que les Français finiront par « comprendre » les efforts nécessaires, qu’ils perçoivent comme excessifs et injustes.
Néanmoins, conscient de la nécessité de faire des gestes concrets, Bayrou a chargé René Dosière, ancien député socialiste, d’identifier les « avantages indus, excessifs ou inacceptables » dont peuvent bénéficier les responsables publics. Avant de rencontrer des élus et syndicats cette semaine pour discuter des mesures budgétaires, il animera une conférence de presse ce lundi, suivie de participation à des retraités de la CFDT et du Medef. L’opération « démineur » est lancée.