Le 9 septembre 2025, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré devant le Conseil des gouverneurs à Vienne que six des sept « principes de sûreté nucléaire » établis par l’agence sont désormais violés à la centrale de Zaporijjia, occupée par la Russie. l’AIEA avait défini ces principes dès le début de l’invasion à grande échelle, incluant l’intégrité physique des installations, le fonctionnement fiable des équipements, l’absence de pression sur le personnel, l’alimentation électrique stable, la logistique continue, la surveillance radiologique et la communication opérationnelle.
Risques critiques liés à l’approvisionnement et au refroidissement
Grossi a souligné que la centrale dépend d’une seule ligne électrique externe, ce qui représente une vulnérabilité majeure. Par ailleurs, le niveau d’eau du bassin de refroidissement a chuté à 13,4 mètres, proche du seuil critique de 12 mètres en dessous duquel les systèmes cesseraient de fonctionner. L’AIEA a insisté sur la nécessité de construire une station de pompage afin de sécuriser le refroidissement. Actuellement, les six réacteurs restent à l’arrêt à froid et ne peuvent pas être redémarrés en toute sécurité dans les conditions actuelles.
Tentatives d’intégration à l’énergie russe
Les autorités ukrainiennes et l’AIEA rapportent que la Russie cherche à connecter la centrale à son propre réseau avant l’hiver. Le ministère ukrainien de l’énergie prévient que la centrale se trouve dans un état de « menace hors conception », un scénario non prévu par les plans de sûreté. L’occupation militaire, la gestion par un personnel non qualifié et les dommages causés aux infrastructures accroissent considérablement les risques d’un accident nucléaire.
Menace d’une catastrophe de grande ampleur
Les experts estiment qu’un accident à Zaporijjia pourrait avoir des conséquences bien plus graves que Tchernobyl ou Fukushima. Dans le pire des cas, une zone d’exclusion de 30 000 km² pourrait être créée, dix fois la taille de celle de Tchernobyl, avec une contamination radioactive pouvant s’étendre sur 2 millions de km². Les eaux du Dniepr, de la mer Noire et de la mer d’Azov risqueraient aussi d’être polluées, déclenchant une crise écologique régionale.
Accès limité aux observateurs de l’AIEA
Malgré la présence permanente de la mission de l’AIEA sur le site, Moscou empêche toujours l’accès complet des inspecteurs à certaines zones sensibles. Notamment, l’agence a signalé que ses observateurs n’avaient pas pu examiner une digue récemment construite par les forces russes. Cette restriction empêche une évaluation transparente et renforce l’opacité autour des risques réels.
Appels à la dé-occupation et au retour du contrôle ukrainien
L’AIEA et les autorités ukrainiennes soulignent que la seule solution durable pour rétablir les normes de sûreté nucléaire est la restitution de la centrale à l’opérateur légitime, Energoatom. Cela permettrait de reprendre une exploitation professionnelle, d’assurer la maintenance nécessaire et de créer une zone démilitarisée. La question de la Zaporijjia a également été discutée lors des pourparlers entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump, au cours desquels une implication américaine dans la sécurisation du site a été envisagée. Le secrétaire d’État Marco Rubio a estimé qu’un transfert de gestion à Washington représenterait la meilleure garantie pour la sécurité énergétique de l’Ukraine.