Avec la canicule, l'avortement floral des légumes devient une préoccupation majeure.

Avec la canicule, l’avortement floral des légumes devient une préoccupation majeure.

24.06.2025 07:44
4 min de lecture

Les températures devraient une nouvelle fois dépasser les 40 °C dans divers endroits de France ce mardi, notamment à Perpignan et Carcassonne où des valeurs allant jusqu’à 42 ou 43 °C sont attendues. Le docteur en agrométéorologie, Serge Zaka, a exprimé des préoccupations quant à ces prévisions, les qualifiant de « franchement inquiétantes », rapporte TopTribune.

Les canicules n’affectent pas seulement l’humain, mais aussi « les cultures, les animaux d’élevage et les écosystèmes », comme le souligne le fondateur d’Agroclimat 2050. Des phénomènes tels que l’avortement floral, le stress thermique et la nécessité de changer de variétés sont autant de conséquences des températures extrêmes sur nos cultures, rendant la situation préoccupante pour l’avenir de l’agriculture.

Les prévisions alarmantes pour mardi

Les températures seront très élevées non seulement à Perpignan, mais aussi dans d’autres régions centrales de la France. Bien que des températures similaires aient été enregistrées dans le passé, la fréquence de ces événements a considérablement augmenté depuis le début des années 2000. Actuellement, on observe dix-neuf fois plus de stations rapportant des températures dépassant les 40 °C qu’au siècle précédent. Ce phénomène est devenu récurrent et intense, touchant presque tout le territoire et survenant de plus en plus tôt dans l’année, y compris en juin et septembre. Cela génère divers facteurs de stress pour les végétaux, car historiquement, les cultures ont été conçues pour résister à des vagues de chaleur.

Alors que jusqu’à présent, des températures atteignant 38 °C étaient gérables pour certains végétaux, le seuil de 40 °C entraîne un stress thermique fort, conduisant à des dommages significatifs.

Conséquences sur les cultures

Les réactions des végétaux face à la température varient d’une région à l’autre, ce qui détermine la type de cultures adaptées à chaque climat. Par exemple, un noisetier ou du blé cesse sa croissance à 35 °C, tandis qu’un olivier arrête de croître à 42 °C.

Cependant, avec les températures prévues pour mardi, on dépassera le seuil de résistance physiologique des végétaux, ce qui engendre ce que l’on appelle un « stress thermique fort ». Les fortes chaleurs augmentent également le risque d’avortement floral pour de nombreux légumes. Lorsque les températures sont trop élevées, les processus reproductifs au sein des fleurs sont compromis, menant à l’absence de fruits et à la chute des fleurs.

Les écosystèmes se retrouvent ainsi affaiblis par des conditions climatiques extrêmes telles que la sécheresse, les gels tardifs et la perte de feuillage, tous exacerbés par le changement climatique induit par l’homme.

Impact du stress thermique et de l’avortement floral

Les conséquences entraînent souvent des défoliations chez les arbres et des brûlures sur les fruits. Par exemple, actuellement, tomates et courgettes commencent leur floraison, mais dès que la température atteint 34 °C, la reproduction des tomates est compromise, avec une diminution de 70 % de la capacité florale à produire des fruits dès 36 °C. À 38 °C, toutes les fleurs peuvent avorter en deux à trois jours, incapables de supporter cette chaleur.

De plus, des événements de chaleur de 36 à 40 °C pendant trois jours affectent la croissance du blé et de l’orge, entraînant une réduction de la taille et du poids des grains, ce qui impacte le rendement et par conséquent, les revenus des agriculteurs.

Les animaux ne sont pas épargnés, car la canicule peut également affecter la production laitière, la ponte et la croissance. En résumé, tous les éléments sont réunis pour une saison estivale difficile.

Adaptations face à la situation

Pour s’adapter à ces nouvelles réalités, l’irrigation est une solution viable afin de sécuriser la production face aux contraintes hydriques croissantes. Cependant, il est essentiel d’éviter de se reposer uniquement sur cette méthode ; il est nécessaire de retravailler les sols, de reverdir le paysage et d’accompagner ces efforts d’un changement global du système agricole.

Les stratégies d’adaptation doivent varier selon les régions. Dans des zones comme Carcassonne, atteindre des températures de 40-42 °C signifie qu’une simple irrigation ne suffira pas. Il pourrait être nécessaire de changer les espèces cultivées pour y inclure des variétés résistantes à des températures plus élevées, comme les oliviers ou les agrumes, qui peuvent supporter jusqu’à 45 °C. Ce changement implique une transformation systémique de l’agriculture, des incursions dans les AOC et l’IGP, ainsi que des modifications dans le matériel de stockage et de séchage.

Dans le nord du pays, il est encore possible de travailler avec les mêmes espèces, mais en optant pour des variétés différentes qui s’adaptent mieux aux nouvelles températures. Cela représente une adaptation plus simple, nécessitant simplement un changement de goût ou de calibre, acceptable à court terme.

Conséquences à long terme

Les scénarios pour 2050 prévoient des températures atteignant régulièrement 45 à 50 °C. Si ces prévisions se réalisent, nous serons dans une situation critique. Lorsque des températures inacceptables se manifestent dans des territoires non préparés, il n’existe pas de solution viable, et nous serons contraints d’observer le dépérissement de nos arbres. Dès lors, la principale solution revenant à ne pas atteindre ces seuils critiques consiste à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

La durabilité de notre agriculture et de la sécurité alimentaire mondiale dépend de l’engagement politique actuel face à ces défis environnementaux.

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