Avant Duplomb, des pétitions ont-elles déjà influencé le gouvernement ?

Avant Duplomb, des pétitions ont-elles déjà influencé le gouvernement ?

22.07.2025 08:24
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Une pétition contre la loi Duplomb, autorisant la réintroduction sous condition d’un pesticide interdit en France, a recueilli près d’1,5 million de signatures lundi soir. Bien que cette mobilisation ait dépassé le seuil des 500.000 signatures nécessaires pour qu’un débat soit organisé, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a précisé que ce débat « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée », rapporte TopTribune.

Dans le passé, les pétitions ont souvent eu peu d’impact sur les décisions gouvernementales. Historiquement, celles-ci étaient fréquentes, mais rares étaient celles qui pouvaient faire plier le pouvoir. Un exemple cité par l’historienne Mathilde Larrère est celui de la pétition de Victor Hugo en 1851 pour abolir la peine de mort, qui échoua malgré une forte mobilisation.

Quelques succès récents

Malgré ce constat, quelques pétitions ont réussi à obtenir des résultats. Sous François Hollande, celle de Nora Fraisse contre le harcèlement scolaire a mené à la création d’un numéro d’assistance pour les victimes, suite au suicide de sa fille. De même, la pétition pour la naturalisation de 28 tirailleurs sénégalais a été satisfaite, mobilisant près de 60.000 personnes.

L’affaire Jacqueline Sauvage constitue également un exemple marquant. Plusieurs pétitions lancées pour sa grâce, après qu’elle ait abattu son mari violent, ont recueilli 400.000 signatures, ce qui a conduit à une grâce du président.

Des pétitions sous Macron

Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron, les pétitions ont pris une nouvelle dimension, étant utilisées comme un moyen de communication directe de la part du gouvernement. Après les manifestations des « gilets jaunes », le président a reconnu la nécessité de répondre aux préoccupations de cette mobilisation, annulant une hausse de la taxe sur le carburant. Sarah Durieux, ancienne dirigeante de Change.org, souligne que cela a légitimé l’utilisation de la plateforme.

Cependant, la question demeure de savoir si le gouvernement saisit ces pétitions pour renforcer des mesures déjà envisagées. Un exemple en est la promesse d’augmenter le congé paternité, annoncée par Gabriel Attal, alors que la pétition initiale avait été lancée trois ans plus tôt.

Mobilisations nécessaires

Les experts s’accordent à dire qu’une pétition, même largement signée, ne suffit pas à garantir son succès. Un soutien politique actif, en parallèle d’actions sur le terrain, demeure essentiel. Ainsi, la loi Veil, qui a légalisé l’avortement, a été le résultat d’un ensemble de mobilisations bien plus qu’une pétition isolée.

Des pétitions massives peuvent également aboutir à des résultats mitigés. C’est le cas de la pétition contre la loi El Khomri sur le travail, qui a reçu plus d’un million de signatures mais dont les modifications ont été limitées, tout comme celle en faveur de l’Affaire du Siècle, qui a conduit à une condamnation pour inaction climatique, mais avec un impact direct très limité.

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