Peu après la fin de l’appel entre Poutine et Donald Trump, des sirènes d’alerte et des explosions ont retenti dans la capitale ukrainienne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que son pays avait fait, mardi 18 mars, l’objet de nouvelles frappes russes, qui ont notamment visé un hôpital.
« Il y a malheureusement des frappes, et précisément contre des infrastructures civiles », a écrit dans la nuit le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram. Le dirigeant a fait état notamment d’une « frappe directe d’un (drone de conception iranienne) Shahed sur un hôpital à Soumy », dans le nord du pays, et d’autres attaques, y compris à Kiev.
De son côté, Moscou a également signalé des attaques. Les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud du pays, ont déclaré qu’une attaque ukrainienne au drone a provoqué un incendie de petite ampleur dans un dépôt pétrolier situé près du village de Kavkazskaya, sans faire de blessés.
L’agence russe de l’aviation civile a fait savoir qu’elle suspendait pour des raisons de sécurité – sans préciser lesquelles – les vols depuis les aéroports de Kazan, Nizhny Novgorod et Nizhnekamsk, tous situés à des centaines de kilomètres à l’est de la capitale Moscou.
« La Russie attaque des infrastructures civils »
Les dirigeants américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine ont convenu lors d’un échange téléphonique très attendu d’une trêve limitée aux infrastructures énergétiques, en vue d’un cessez-le-feu total.
Vladimir Poutine a aussi accepté que 175 prisonniers de guerre soient échangés mercredi avec l’Ukraine.
Interrogé dans la soirée sur Fox News, l’émissaire américain Steve Witkoff a indiqué que Washington souhaitait que cette trêve de 30 jours, qui doit encore être acceptée par Kiev, concerne aussi « l’infrastructure en général ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui n’est pas associé aux pourparlers américano-russes, a estimé que « Poutine a en réalité refusé (mardi) la proposition d’un cessez-le-feu complet ».
« Ce sont précisément ces attaques nocturnes de la Russie qui détruisent notre énergie, nos infrastructures et la vie normale des Ukrainiens. Et le fait que cette nuit n’ait pas été une exception montre que nous devons continuer à faire pression sur la Russie pour le bien de la paix », a souligné le président Zelensky sur les réseaux sociaux.
« La Russie attaque des infrastructures civils et des gens – en ce moment-même », a écrit Andryi Yermak, secrétaire général de la présidence ukrainienne, sur la messagerie Telegram.
Des négociations « difficiles » avec Poutine, admet Trump
Dans une interview sur Fox News dans la soirée, Donald Trump a reconnu que les négociations avec son homologue russe étaient « difficiles ». « La Russie a l’avantage, comme vous le savez », a-t-il dit.
Les dirigeants américain et russe ont convenu de commencer « immédiatement » des négociations, qui doivent se tenir au Moyen-Orient, sur un arrêt progressif des hostilités déclenchées en février 2022 par l’invasion russe, selon un communiqué de la Maison Blanche. Moscou a évoqué un échange « détaillé et franc ».
Les deux dirigeants se sont accordés sur une trêve en Ukraine, limitée aux infrastructures énergétiques.
« Nous avons convenu d’un cessez-le-feu immédiat sur les sites énergétiques et les infrastructures, avec une entente sur le fait que nous allons travailler rapidement pour avoir un cessez-le-feu total et, au bout du compte, la FIN de cette guerre vraiment horrible », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social après la conversation téléphonique.
Des discussions sur une trêve en Ukraine dimanche en Arabie Saoudite
Les négociations sur un cessez-le-feu en Ukraine « vont commencer dimanche à Jeddah », en Arabie saoudite, a affirmé mardi l’émissaire américain. Au sujet de cette trêve limite, « je pense que les Russes ont accepté ces deux points. J’ai bon espoir que les Ukrainiens l’accepteront », a-t-il par ailleurs déclaré sur la chaîne Fox News.
Steve Witkoff a précisé que la délégation américaine en Arabie saoudite serait conduite par le secrétaire d’État, Marco Rubio, et le conseiller à la Sécurité nationale, Mike Waltz, mais pas qui seraient leurs interlocuteurs.
Volodymyr Zelensky a demandé mardi à connaître « les détails de ce que les Russes ont offert aux Américains ou de ce que les Américains ont offert aux Russes » dans le cadre de l’accord de mardi.
Vladimir Poutine, sans s’engager à un cessez-le-feu total, avait exigé avant l’entretien la fin du « réarmement » de l’Ukraine et l’arrêt de l’aide occidentale à Kiev.
Ces conditions visent à « affaiblir » l’Ukraine et montrent qu’il n’est pas prêt « à mettre fin » à la guerre, a accusé Volodymyr Zelensky.
Donald Trump a toutefois assuré sur Fox news que son homologue russe n’avait pas exigé lors de leur entretien un arrêt immédiat de l’aide occidentale à l’Ukraine : « Nous n’avons pas parlé de l’aide, en fait. Nous n’avons pas parlé de l’aide du tout ».
Des « négociations techniques » sur un cessez-le-feu maritime
L’Ukraine avait déjà accepté, sous la pression de Washington, l’idée d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, rejeté par Moscou.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont de leur côté assuré mardi l’Ukraine de la poursuite de l’aide militaire.
Le Royaume-Uni, qui s’est dit prêt à envoyer des militaires en Ukraine une fois la paix conclue, tout comme la France, a pour sa part réagi en saluant des « progrès » réalisés « en vue d’un cessez-le-feu ».
« Nous resterons (aux côtés de l’Ukraine) aussi longtemps qu’il le faudra pour veiller à ce que la Russie ne puisse plus jamais lancer une invasion illégale », a affirmé une porte-parole du Premier ministre Keir Starmer.

La Maison Blanche a évoqué, en plus de la pause des attaques contre le secteur de l’énergie, des « négociations techniques sur la mise en place d’un cessez-le-feu maritime en mer Noire ».
Dans un communiqué, l’exécutif américain a par ailleurs vanté l' »immense avantage » d’une « meilleure relation bilatérale » entre les États-Unis et la Russie, avec à la clé de potentiels « énormes accords économiques ».
Les comptes-rendus publiés par les deux capitales ne mentionnent pas d’éventuels redécoupages territoriaux, après que le président américain a dit être prêt à parler de « partage » entre l’Ukraine et la Russie, qui réclame cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.
Le président américain, qui a engagé un spectaculaire rapprochement avec Moscou, a d’ores et déjà validé plusieurs revendications russes, en jugeant impossibles le maintien de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et son adhésion à l’Otan.
À l’inverse, il a soumis les autorités ukrainiennes à une pression extrême, qui a culminé lorsque Donald Trump a publiquement rabroué le président Volodymyr Zelensky à la Maison Banche.
Il a ensuite suspendu l’aide militaire et en renseignements à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l’Ukraine a entériné son projet de trêve.